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Puis-je me séparer de mon mari ?

Séparés, Divorcés, Fidèles > Témoignages de Séparé-Divorcé Fidèles

Voici le témoignage de Catherine, une femme qui va décider de se séparer de son mari adultère infidèle : « Une décision difficile à prendre » mais recommandée par Saint Jean Paul II dans le « N°83 de Familiaris Consortio ». Oui ! Pour des raisons graves (pas pour de simples disputes conjugales) et après avoir tout tenté pour éviter une brisure douloureuse souvent irréparable, la séparation conjugale est autorisée par l’Eglise Catholique sous trois conditions : rester fidèle à son Sacrement de Mariage présumé valide, cultiver le pardon qu'exige l'Amour chrétien et rester disponible à une éventuelle reprise de la vie conjugale antérieure.





Le témoignage d’une séparation conjugale nécessaire « Une décision difficile à prendre » :

« Quand nous nous sommes mariés, Marc et moi, nous avions respectivement vingt-quatre et vingt-deux ans. Je venais de terminer mes études d'ingénieur. Lui aussi jeune diplômé souhaitait poursuivre une année de spécialisation et avait un service militaire de seize mois à accomplir. Le marché du travail était tel à cette époque que j'avais été embauchée avant même de sortir de l'école et que notre vie conjugale a commencé de façon tout à fait indépendante de nos parents. Nous nous connaissions depuis six ans, mais n'avions pas vécu ensemble avant notre Mariage. Nous nous sommes mariés à l'église au cours d'une célébration sans Eucharistie. Je participais très régulièrement à la Messe du Dimanche. Élevée par des parents profondément croyants et pratiquants, j'avais suivi toute ma scolarité secondaire dans un établissement de l'enseignement catholique. Ma foi d'adulte s'était construite progressivement au travers de la vie familiale, du scoutisme, d'une équipe d'Action Catholique, de récollections organisées par le lycée et de rencontres avec des Prêtres. Par respect pour Marc, j'avais souhaité ne pas lui imposer une expression trop « écrasante » de ma foi dans la célébration de notre Mariage. Marc était baptisé et confirmé, mais avait cessé toute pratique religieuse après sa profession de foi. Notre vie de couple a été assez facile sur le plan matériel grâce à notre métier dans l'industrie encore très florissante ...

Trois ans après, nous accueillons dans la joie notre premier enfant, Sophie. Puis Marc perd subitement son papa d'un infarctus. Sa douleur est immense, d'autant plus qu'il n'a jamais réussi à pouvoir parler en profondeur avec lui, depuis que celui-ci avait quitté le domicile conjugal alors que Marc était encore adolescent. Lorsque j'ai dû lui annoncer la triste nouvelle, il me dit simplement : « Il est mort avant que j'aie pu lui parler ! » Nous nous soutenons dans cette épreuve et mon époux me redit souvent combien ma foi lui apporte réconfort et combien il est heureux que je sois à ses côtés.

Après la naissance de notre deuxième enfant, Frédéric, je décide de m'arrêter de travailler pour m'occuper de nos enfants. Très rapidement la famille s'agrandit à nouveau avec Marie. L'héritage, après le décès de mon beau-père, nous permet de nous loger dans une maison confortable avec un très grand jardin où nous accueillons Nathalie, notre dernière.

Nous passons huit années de profond bonheur, dans cette grande maison, ouverte à nos amis, qui eux aussi ont des enfants du même âge. Nous vivons au plein air, bien que nous soyons dans la grande banlieue parisienne et nous sommes tous épargnés par les soucis de santé. Quel cadeau du ciel déjà ! J'accompagne mes enfants dans leur parcours d'éveil à la foi, puis de catéchisme et finis par prendre des responsabilités au sein de ma paroisse. Marc ne met aucun obstacle à mes activités bénévoles et à l'éducation chrétienne de nos enfants ; il pense que cela ne peut leur faire que du bien !

Pendant toute cette période, Marc exerce une activité professionnelle dans l'industrie militaire. Changeant assez souvent d'employeurs et prenant de plus en plus de responsabilités, il est peu présent à la maison, sauf les weekends. Nos vacances familiales alternent entre la mer et la montagne ; nous aimons tous deux la marche et essayons d'initier nos enfants à cette activité.

Puis le vent tourne ... Marc est licencié une première fois, il retrouve un nouvel emploi au bout de 17 mois, mais il est de nouveau licencié à la fin de la période d'essai. Peu après, il devient chef d'une petite entreprise de 25 personnes dans le Rhône. Hésitant à quitter notre grande maison, le prêtre de la paroisse que je connais bien me dit qu'il faut impérativement que je suive Marc avec les enfants. Nous mettons notre maison en location et débarquons à Lyon.

J'essaye de reconstruire une vie sociale : paroisse, associations de parents d'élèves, aumônerie, musique, scouts mais les enfants s'acclimatent plus ou moins facilement à ce changement de vie. Marc passe beaucoup de temps au travail, très vite il sent que cette charge est trop lourde pour ses épaules, sans l'exprimer clairement. Cette entreprise l'envahit tout entier et il n'est plus disponible pour la vie de famille. Des problèmes de personnel et de trésorerie ne tardent pas à apparaître, des commandes attendues n'arrivent pas ... et l'inquiétude grandit dans son esprit. Quand il rentre le soir, j'ai pris mon repas avec les enfants, nous parlons de son travail pendant qu'il prend son dîner et nous nous couchons. Cette nouvelle maison à quatre niveaux et le quotidien avec mes quatre enfants me fatiguent et je n'ai pas encore d'amies pour partager un peu de ma vie. Le week-end ne nous permet pas de nous reposer et ni de prendre du temps pour notre couple ...

Quelques jours avant mes quarante ans, mon mari rentre un soir encore plus tard que d'habitude, et m'annonce de façon désespérée qu'une secrétaire a démissionné et que c'est une catastrophe pour l'entreprise. Ne comprenant pas qu'il se mette dans un état pareil, je le questionne et il finit par me dire qu'il s'était beaucoup attaché à cette personne ... puis par m'avouer qu'il avait une liaison avec elle depuis deux mois déjà. Pour moi, le monde a basculé ce soir-là ... Il est reparti dormir chez elle, moi j'ai rangé le dîner que je lui avais préparé comme je le faisais depuis presque dix-huit ans et j'ai essayé de dormir toute la nuit sans y parvenir. Le lendemain matin, il m'a fallu m'occuper des enfants comme si de rien n'était et comme si Papa était simplement en déplacement pour son travail. Justement, le lendemain, c'est le jour de la réunion d'aumônerie avec l'équipe de sixième de mon fils. Je n'ai pas souvenir que la réunion se soit très bien passée mais je me souviens surtout que le texte d'évangile de cette séance était la parabole de l'enfant prodigue. J'y ai vu comme un signe du ciel...

La jeune femme revient sur sa décision de démissionner et pour moi c'est une vie de couple très difficile qui commence puisque je supporte les infidélités de mon mari pendant plus de deux ans. J'en garde le secret, pensant que cela sera plus facile pour lui de rompre sa liaison, si personne n'est au courant. La vie se poursuit avec les enfants et je me rassure en voyant que Marc continue quand même à s'en occuper. Mais la suspension totale de ses gestes de tendresse à mon égard est une grande souffrance: il me dit que par « honnêteté » il ne peut plus s'approcher de moi ! Il passe deux mois à ne pas m'embrasser une seule fois, ni le matin, ni le soir. Je lui demande de m'accorder au moins cela, je l'obtiens mais son cœur n'y est pas.

Ne tenant plus avec ce secret qui me ronge et m'épuise, je me confie au prêtre de ma paroisse venu me rendre visite, puis à la responsable de l'aumônerie avec qui je prépare des rencontres pour les jeunes. Je vais aussi rencontrer plusieurs fois une conseillère conjugale, qui m'incite au dialogue, à la bienveillance et à la patience avec mon époux.

L'été approche, Marc s'offre un voyage avec son amie, soi-disant pour rompre, alors que tout était organisé pour que nous prenions quelques jours sans les enfants ... puis nous partons ensemble en vacances familiales. La location est équipée de lits d'une personne, ce qui l'arrange bien. Nous faisons ensemble de grandes randonnées en silence pendant que les enfants fréquentent des clubs d'activités. Je souffre de ne même pas pouvoir simplement lui prendre la main pour marcher. Il téléphone à son entreprise tous les jours pour suivre les affaires ... et entendre sa voix aussi : je l'entends lui raconter ce qu'il fait pendant ses vacances, avec sa famille ...

La situation de l'entreprise se dégradant, j'entreprends un bilan de compétences pour rechercher un emploi compatible avec la vie familiale. Je trouve un stage (providentiel !) dans un centre de formation professionnelle qui débouche sur un emploi dès la rentrée scolaire suivante. J'y travaille encore aujourd'hui. En parallèle, je réussis à décider Marc pour que nous rencontrions ensemble la conseillère conjugale. Nous réussissons à exprimer ce que nous ressentons chacun, dans une profonde écoute. Marc évoque ses difficultés affectives, le fait d'être partagé entre deux femmes qu'il aime, ses angoisses professionnelles qui ne le lâchent pas, mais il parle aussi du couple de ses parents. Son père a commencé à être infidèle au même âge, avec sa jeune secrétaire, et Marc a vécu, enfant, sans le savoir, pendant dix ans, l'adultère de son père sans que jamais des mots ne soient posés sur cette situation. Est-ce pour cette raison qu'il est passé si facilement à cet acte si destructeur pour notre couple et pour lui-même ?

Au bout de quelques mois, la conseillère conjugale lui propose de se faire aider personnellement par un psychologue. En effet, son indécision le force à s'installer dans une double vie très dévastatrice pour notre famille. Marc finit par se décider à consulter, mais au bout de quelques séances, il conclut que cela ne l'aide en rien. Nous passons l'été dans la plus grande inquiétude avec des vacances familiales très limitées puisque Marc dépose le bilan de son entreprise, suivi d'un redressement judiciaire de six mois. Entre-temps la jeune femme a quitté l'entreprise pour travailler à Paris et j'ose espérer que la situation va s'éclaircir. Marc se donne beaucoup de mal pour remplir le carnet de commandes dans la perspective de la cession de son entreprise. Mais je réalise qu'il a repris contact avec la jeune femme et le sens à nouveau très distant. Ses déplacements sont si nombreux pour son travail que je ne peux savoir où il va réellement mais je m'aperçois qu'il passe parfois par Paris.

Un matin, alors qu'il doit partir très tôt, je trouve un mot sur la table de la cuisine, m'annonçant qu'il passera le prochain week-end avec elle pour faire le point et voir s'il ne serait pas plus heureux de vivre avec elle... Le mot n'est même pas signé ! Je prends immédiatement rendez-vous avec la conseillère conjugale pour le jour suivant : Comment vais-je annoncer cela à mes enfants puisque je suis obligée de faire la vérité avec eux ? «Papa ne va pas bien, il s'est attaché à une autre femme et a décidé de passer du temps avec elle ». Il n'y a qu'avec Sophie (seize ans) que je précise les choses : « il dort chez elle et avec elle... L'effondrement de ma fille est total, elle ressent presque la même trahison que moi deux ans plus tôt. Les trois plus jeunes réalisent sans doute moins bien les choses, quoique quelques mois auparavant, Marie s'est réveillée un jour en pleurant en me disant qu'elle avait rêvé que Papa était avec une autre femme... Je l'avais prise dans mes bras pour la rassurer, lui disant qu'il ne fallait pas qu'elle s'inquiète, que Maman aimait Papa très fort ! En vérité avec mes enfants, je peux maintenant leur dire clairement si Papa est au travail ou à un endroit où il ne devrait pas être. Nathalie sait très bien exprimer ce qu'elle a compris. En effet, elle me déclare un matin : « Tu sais, Maman, si on ouvrait le cœur de Papa, eh bien on trouverait un grand point d'interrogation ! » Un autre jour, Marc et moi prenons notre café sur le canapé, elle se faufile entre nous deux, embrasse son père puis se tournant de l'autre côté, m'embrasse aussi et annonce qu'elle fait de la transmission de bisous !

Pendant toute cette période, un couple ami de la paroisse m'entoure d'une grande amitié. Chantal et Jean-Marie m'accueillent souvent pour un temps de partage et de prière, dès que je leur en fais la demande. Leur prière pour moi, me fortifie : reprenant les mots de notre partage, ils invoquent la puissance du Seigneur sur toute ma famille, Marc bien sûr, mais aussi moi-même et nos enfants sur des points très concrets de la vie quotidienne où je me trouve en difficulté. Jean-Marie et un autre père de famille essaient chacun séparément de parler à Marc d'homme à homme ; celui-ci leur reste complètement fermé. La conseillère conjugale m'incite à attendre que la cession de l'entreprise soit réalisée, mon mari ne pouvant pas être sur tous les fronts à la fois. L'amour de cette jeune femme lui donne une force qui lui permet de faire face à cette situation dans laquelle n'importe qui aurait craqué. Finalement, l'entreprise est cédée, Marc a un contrat de poursuite d'activité de trois mois avec le repreneur et doit chercher un nouvel emploi. Il continue ses allées et venues continuelles entre la maison et Paris malgré mes protestations. Je ne sais jamais quand il va être à la maison, et quand il y est, il se décide à repartir brusquement sans aucun préavis. J'assume un travail à temps complet et la vie avec nos enfants, tandis que lui n'en fait qu'à sa tête. La vie quotidienne avec lui devient insupportable et me détruit. Devant cette situation et son refus de venir consulter avec moi, la conseillère me dit avec autorité qu'il faut que je lui demande de prendre une décision et que je lui donne un ultimatum, pour ne pas déstructurer nos enfants. Il n'est pas bon de leur montrer qu'un papa peut être dans deux lits à la fois. Relatant l'épisode au prêtre de ma paroisse qui m'accompagne sur le plan spirituel, il m'avoue : « C'est bien ce que je pressentais qu'il fallait faire, mais je suis heureux que ce soit la conseillère conjugale qui te l'ait dit, elle est mieux formée que moi sur ce sujet ! »

Avec une détermination qui me surprend je parle à mon époux : « Marc, je pense qu'il est plus que temps que tu prennes une décision. Si tu veux rester vivre avec nous, tu reviens dormir tous les soirs à la maison sans exception. Sinon, il faut que tu partes pour réfléchir, je te laisse une semaine pour te décider ». Il paraît surpris et me dit qu'au moins j'ai le mérite de prendre des décisions que lui ne sait pas prendre. Il s'absente toute cette semaine-là et revient me dire le dimanche suivant qu'il quitte le domicile conjugal. Le soir même, un de mes oncles a mes parents au téléphone et leur « crache le morceau ». Mes parents me diront plus tard, qu'ils ont l'impression de perdre un fils. Enfin je peux me mettre en vérité avec tous les miens ! La « vérité vous rendra libres » (Jn 8, 32).

Marc rejoint son amie à Paris, sans doute dans un logement exigu. Il ne peut recevoir ses enfants qu'en les accueillant dans la maison de vacances qui lui vient de son père en Vendée. Au bout de quelques mois, pour éviter tous ces kilomètres, je propose à Marc de venir à la maison pour qu'il puisse voir les enfants, le temps d'un week-end à condition de me prévenir à l'avance. Il dort dans le canapé du salon, ainsi les choses sont claires. L'été de la même année, je participe à une session des familles à Paray-le-Monial avec Marie et Nathalie. Je découvre la communauté de l'Emmanuel, la prière de louange, l'adoration eucharistique et suis profondément touchée par le témoignage de tous ceux qui nous expliquent comment Dieu les rejoint dans leur vie et les transforme. Nous vivons l'éclipse partielle de soleil dans le Parc du Moulin Liron en expérimentant ce passage dans la pénombre, qui ressemble finalement à ce que nous vivons depuis plusieurs mois... Nous faisons aussi la connaissance d'un jeune prêtre, le père Michel C. venu prendre son petit-déjeuner à côté de nous. Il est surpris bien sûr de me voir seule avec les filles, et nous en arrivons très vite aux confidences et à un échange en profondeur. Nathalie aura avec lui aussi, une première expérience forte du sacrement de réconciliation.

À Lyon, je me joins épisodiquement au groupe de prière de la Communauté de l'Emmanuel qui se réunit toutes les semaines. J'y rencontre le Père Martin B. qui est l'aumônier des lycéens et à qui Sophie s'est déjà confiée, il m'accueille très chaleureusement. Pendant tout ce début de l'absence de Marc, je propose souvent à mes enfants, surtout à Marie et Nathalie, de prier le soir avec moi pour Papa : « Seigneur, veille sur Papa, protège-le, donne-lui ta lumière et viens toucher son cœur ... et garde-nous dans ton Amour et dans ta paix ». L'hiver suivant, conseillée par des amis, j'ose proposer à Marc de prendre ensemble un week-end de retraite en silence pour couples, prêchée par le Père Jacques Marin à Nouan-le-Fuzelier (Auteur de « Aimer, c'est pardonner » Ed. des Béatitudes – 1994). Je ne sais par quel miracle il accepte. Je rédige une lettre détaillée sur notre situation, que j'adresse au prédicateur, et sollicite un entretien. « Espère le Seigneur, sois fort et prend courage » (Ps 26, 14). C'est le thème de la retraite : tout ce qu'il me faut ! Il y-a un temps d'enseignement par demi-journée, une eucharistie, d'autres offices ... et les repas en silence. Je demande à Marc simplement de venir écouter les enseignements avec moi, pour le reste, je le laisse décider. À la fin du premier enseignement, le père précise qu'il a fait un planning de rendez-vous avec ceux qui lui ont écrit. Je glisse dans l'oreille de Marc, que je lui ai écrit et que je vais voir le planning ; il me devance en marchant rapidement et revient pour me dire que « nous » passons à 14h00 ! Le père J. Marin demande à Marc s'il a demandé l'aide du Seigneur. « Une liaison extraconjugale, c'est comme un élastique, plus tu tires dessus pour essayer de t'éloigner d'elle, plus la force qui t'attire vers elle est grande : seul le Seigneur peut couper cet élastique mais il ne peut le faire sans que tu le lui demandes ». Il propose à Marc de le revoir seul dans le week-end, ce qu'il accepte sans difficulté. Je ne sais pas, bien sûr, ce dont ils ont parlé mais le Père Jacques Marin me dit simplement lors du sacrement de réconciliation : « Il doit y avoir beaucoup de gens qui ont prié pour que ton mari accepte de venir ici, n'est-ce pas ?» Ce week-end a été pour moi un temps paisible avec Marc, comme une parenthèse dans la tourmente, où nous avons pu nous parler en vérité. Cela n'a rien changé dans le choix de vie de Marc mais j'ai senti la présence du Seigneur au milieu de nous. Je garde au cœur encore aujourd'hui, quelques paroles du Père Jacques Marin : « Catherine, demande au Seigneur de venir prendre toute la place dans ton cœur, en attendant le retour de Marc »

Je lui fais part de mes interrogations: quelle attitude avoir vis-à-vis de mon mari, qui de temps à autre revient vers moi, m'embrasse affectueusement ... ? « Reste toujours accueillante envers les gestes de ton mari à ton égard, et ouverte à la réconciliation. J'ai rencontré beaucoup de femmes qui, vingt ans après avoir été obligées de mettre leur mari dehors comme toi, ont des regrets parce qu'elles estiment ne pas avoir tout fait pour qu'il puisse revenir ».

Mais le Père Jacques Marin me confirme dans le fait que je peux néanmoins donner cette balise à Marc : je ne veux plus qu'il soit à mes côtés dans les fêtes de famille tant qu'il ne se comporte pas en époux fidèle.

Mon mari quitte le logement de son amie, loue un studio à Lyon, son employeur prenant en charge ses frais de déplacement sur Paris. Un dimanche, il a une conversation avec mes trois grands, qu'ils m'ont rapportée : « Ce n'est pas à cause de Maman, que je suis parti ... je vais revenir mais je ne me sens pas encore prêt ». Nous passons le week-end de Toussaint en famille dans la maison de Vendée, mon époux se fait plus proche ...

À la rentrée suivante, ma paroisse est confiée à la Communauté de l'Emmanuel, les Pères Michel et Martin y sont nommés respectivement curé et vicaire ... Quel don du Seigneur ! C'est une grande joie pour les enfants et moi-même ; des liens très forts se tissent avec ces deux prêtres. Je suis renouvelée dans ma vie de prière par cette joie que donne la prière de louange que je partage avec eux, un matin par semaine. Je demande au père Martin de m'accompagner sur le plan spirituel, soucieuse de bien « naviguer à vue » dans mes relations avec Marc. Au cours des deux années qui ont suivi, il y a certainement eu des périodes où il s'est éloigné de son amie, mais il n'a jamais résisté à la tentation de reprendre contact avec elle au bout d'un certain temps. Pendant deux étés, nous essayons de passer malgré tout une ou deux semaines de vacances ensemble avec les enfants. Je garde le souvenir de quelques moments joyeux de ces dernières vacances familiales, mais aussi d'un déchirement profond de mon cœur devant la froideur de mon mari à mon égard, alors que je lui propose simplement de vivre une vie fraternelle, puisque son esprit est avec une autre. Il est toujours au bout de son téléphone portable ou plongé dans son ordinateur, c'est une véritable dépendance ...

Une entreprise avec laquelle il avait déjà eu des contacts lors de ses précédentes recherches d'emploi, lui propose un poste aux États-Unis. Sans me demander mon avis, il démissionne et se décide à signer ce contrat de travail. Il me dit avoir une double motivation : parler couramment anglais, ce qui lui fait souvent défaut dans son travail et rompre sa liaison. Il n'exclut pas de me demander de le rejoindre si tout se passe bien.

Devant cette décision, mon oncle et le père Martin me conseillent de rencontrer un avocat rapidement pour organiser notre « vie économique » séparée. Jusque-là, Marc réglait les factures les plus importantes sans aucune difficulté et je réglais les autres dépenses avec mon petit salaire. Marc se dit surpris de ma décision et lorsque je lui demande s'il veut une séparation de corps ou un divorce, il me répond qu'il n'est pas prêt à divorcer ! Je fais donc toutes les démarches pour qu'une convention provisoire de séparation soit signée avant son départ. Lui, ne prend pas d'avocat, c'est celui qu'on m'a conseillé qui s'occupe de notre dossier. Il s'envole pour Chicago, fin janvier. Pour moi, c'est un départ très douloureux. Le savoir à 8000 km de la maison m'angoisse profondément. J'ai peur de ne pas savoir faire face à tous les événements concernant les enfants. Il me téléphone pratiquement tous les jours. Sa semaine de congé en France avec les enfants approchants, fin avril, je lui demande où il en est et quels sont ses projets. Il met trois semaines à me répondre « qu'elle » est déjà venue le voir là-bas. Je lui écris que je ne peux plus accepter de le voir tant qu'il n'aura pas renoncé à cette femme et qu'il faut qu'il prenne en charge les enfants, seul. Il me dit n'avoir pris aucune décision définitive et regrette. La conseillère et le père Martin m'encouragent à la fermeté devant ce comportement adolescent, cela me brise le cœur. Aux États-Unis, l'été suivant, il rencontre une nouvelle jeune femme, très vite elle cause la rupture avec la précédente et prend toute la place dans le cœur de mon mari.

Je me décide alors seulement à suivre une session « Cana Espérance» à la communauté du Chemin Neuf, où je commence un lent « lâcher prise » et abandon dans les bras du Seigneur, comme le montrent ces quelques notes retrouvées dans mon cahier :

« Seigneur, Tu me donnes de comprendre aujourd'hui, combien il est nécessaire d'ajuster ma relation à Marc, de reconnaître que, aujourd'hui, il est impossible que nous revivions ensemble. Cela ne peut-être qu'une espérance pour du long, voire du très long terme. Je dois y renoncer pour aujourd'hui : c'est le seul chemin de vie pour moi et pour mes enfants. Mon désir est d'être libérée de cette tristesse que la séparation a installée en moi. J'ai besoin d'être renouvelée dans la joie de ton Esprit pour pouvoir à nouveau, aimer et laisser mon cœur se dilater par ton Amour. Viens remplir tout ce creux de mon coeur, pour y demeurer. Aujourd'hui Tu me demandes d'aimer d'un amour qui se donne, au-delà de l'amour conjugal partagé avec Marc. Je Te rends grâce pour les enfants que Tu nous as confiés, pour toutes ces années heureuses vécues aux côtés de Marc, trésors au fond de mon coeur. Merci, Seigneur pour ce « baume » reçu dans le Sacrement de Réconciliation, pour la guérison de mes blessures dues à la séparation. Merci, pour cette intimité avec Toi que je sens renouvelée, pour ton Amour manifesté par la prière des frères et leurs gestes fraternels. Tiens la main de Marc, Ton enfant, ses souffrances doivent être immenses. Mets en lui le désir de guérir, par Toi. Amen. »

Devant les événements, je renouvelle ma requête définitive de séparation de corps, dont le jugement a lieu à la fin de l'année. Depuis, mon mari n'a su faire d'autres choix que de laisser les circonstances de la vie décider pour lui ... Sa compagne actuelle, âgée de vingt-deux ans de moins que lui, n'est pas celle qui a causé notre séparation ; elle n'a que quelques années de plus que notre fille aînée. Elle a aussi essayé de prendre ma place dans le coeur de mes enfants. Mes enfants aînés ne lui réservent que sa juste place : aucune dans leur vie à eux !

Je ne vois pratiquement jamais Marc qui habite à 200 km de chez moi. J'ai dû lui téléphoner plusieurs fois récemment à propos de notre dernière fille, qui m'inquiète dans ses comportements et ses choix de vie ; il me fait bon accueil et nous parlons paisiblement de notre trésor commun : nos enfants.

Je réalise aujourd'hui que je commence à vivre sereinement ma situation de femme séparée. J'ose témoigner que ma vie se poursuit sur le même chemin, celui où le Seigneur me conduit. Pas un jour ne se passe sans que j'aie au moins une pensée pour mon époux et que je demande au Seigneur de le bénir et de le garder. Je n'ai pas renoncé à mon projet familial, mais il ne se déroule pas tout à fait comme je voulais. J'ai dû renoncer à chérir un homme dans la vie de tous les jours, ce qui faisait pourtant ma joie, mais le Seigneur me donne de goûter à sa tendresse chaque jour dans la rencontre des frères. Ma solitude est une solitude habitée par l'Esprit, qui m'ouvre à la compassion et à l'amour des frères que le Seigneur met sur mon chemin. Mes enfants sont toute ma joie, et m'entourent de leur affection. Une parole reçue, l'été dernier, à Paray-le-Monial résonne souvent dans mon cœur : « Glorifie le Seigneur, chez toi, il a béni tes enfants » (psaume 147) ».


Catherine - Témoignage du livre « Séparés, Divorcés à cœur ouvert » diffusé à Radio Maria le 21 septembre 2016

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