Voici le témoignage d’une femme « Après mon divorce, Marie m'a remise debout » qui nous raconte comment répondre en toute liberté à l’Appel du Seigneur, à rester fidèle, à aller jusqu'au bout du pardon au conjoint qui nous a trahis et fait souffrir, jusqu'au renouvellement du « Oui » à son Sacrement de Mariage.
Le témoignage d’Isabelle « Après mon divorce, Marie m'a remise debout » :
« En mai 1988, lors d'un week-end au Foyer de Charité d'Ottrott (Alsace), Isabelle a eu l'occasion de donner son témoignage :
Le Dimanche matin, dans sa conférence sur Marie, le Père Wolfram a préparé l'assistance : Marie Donatrice de vie ; Marie plongée dans la réalité de Dieu : Elle est Fille bien-aimée du Père, Mère admirable du Fils, Sanctuaire de l'Esprit.
Le couple n'a pas été oublié : c'est un commencement et non un aboutissement. C'est l'ouverture vers l'avenir. C'est le don de la vie. C'est pourquoi l'homme et la femme deviennent une seule chair, et rien ne peut les séparer, sinon la mort.
Le symbole de la Foi : la nuée qui conduisait le peuple d'Israël était plus obscure le jour et lumineuse la nuit. Notre foi est obscure et pourtant si lumineuse.
A travers la pauvreté de notre vie, nous devons devenir des donateurs de Dieu. Pour ma part, j'aime à lire ce que Marthe Robin a dit : « Qu'il y ait dans chaque foyer une seule âme pleine de Dieu, elle en remplira la maison ».
L'après-midi, j'ai témoigné la dernière. Inutile de vous dire que j'avais la tremblote : c'est la première fois que je m'adressais, devant un micro, à une assistance de 200 personnes environ (d'anciens retraitants qui se retrouvaient pour une journée d'amitié). Après avoir respiré un bon coup, je me suis dit : ce n'est pas toi qui parles, c'est toute la Communion Notre-Dame de l'Alliance, et c'est notre Maman Marie qui te le demande.
Je me suis d'abord présentée : Isabelle, retraitée depuis deux ans. J'habite en Moselle depuis octobre 1962, date à laquelle j'ai quitté l'Algérie où je suis née. Je connais les Foyers de Charité depuis plus de vingt ans, et en particulier celui-ci.
Ensuite j'ai présenté la Communion Notre-Dame de l'Alliance, en insistant sur le fait qu'elle est ouverte aux hommes. Et j'ai terminé par une évocation de mon cheminement personnel : je suis séparée de mon mari depuis trente-trois ans. J'ai été contrainte de divorcer à une époque où les divorces étaient encore rares, surtout dans mon village d'Algérie. Je ne m'attarderai pas sur les souffrances et les humiliations endurées. Mais j'ai eu la Grâce d'être née dans une famille chrétienne très unie, où la prière quotidienne du Chapelet tenait une grande place. Je me suis donc agrippée à ce Chapelet comme à une bouée de sauvetage. La Vierge Marie est devenue ma Confidente, ma petite Compagne de route.
J'étais aidée par mon Père spirituel, le Père Caparros, Curé de ma paroisse en Algérie, à qui je dois tant ; il essayait de me faire découvrir la Miséricorde, l'immense Tendresse de Dieu... Mais à cette époque, je l'avoue, j'étais tellement blessée, tellement révoltée, au creux de la vague, que je ne comprenais pas pourquoi... Oui, il m'a fallu du temps pour assimiler et mieux comprendre les paroles de ce cher Père Caparros ; je me souviens qu'en pleine période difficile, où tout s’effondrait, où tout devenait ténèbres, je me trouvais un jour dans son bureau, racontant mes misères, et à travers mes larmes, je disais : « Que vais-je devenir ?... pas même un enfant pour avoir un but dans ma vie ... »
J'entends encore ce brave Père me dire, calmement : « Écoute-moi, tu auras un but dans ta vie si tu essaies de vivre comme une petite Religieuse dans le monde ». Et moi de rétorquer, révoltée comme on peut l'être lorsqu'on est jeune : « Mais Père, les Religieuses choisissent cette vie-là, moi, je n'ai pas choisi... » Sa réponse a été celle-ci : « Non, mon enfant, les Religieuses et les Prêtres ne choisissent pas, c'est le Seigneur qui les choisit. A nous de répondre à Son appel en toute liberté... »
Et jour après jour, essayant de maintenir le cap, fidèle à la prière, à l'Eucharistie, j'ai refait surface... A ce moment-là, nous vivions en Algérie en pleine période trouble ; je me préoccupais plus de notre avenir et de notre départ pour la métropole que de mon échec conjugal. Puis, en 1962, arrivée en Moselle, j'ai été recasée à la préfecture de Metz ; je vivais au foyer de ma jeune sœur, partageant aussi la joie de la naissance de ses enfants. J’ai essayé de m'adapter le mieux possible, mais en vivant cette situation de femme divorcée un peu à la manière d'une tare que l'on cherche à cacher, ou d'un boulet que l'on traîne...
Seule, ramant à contre-courant dans notre monde en plein bouleversement, surtout après les remous de Mai 68, où parfois je me sentais déboussolée, j'avais la chance de connaître les Foyers de Charité, en particulier celui d'Ottrott, où je venais me ressourcer, reprendre des forces, pour affronter ce monde que je côtoyais chaque jour au bureau, et qui se déchristianisait. Ce Foyer devenait mon oasis ; j'y revenais très souvent, demandant au Père Schmitt de m'accepter pendant mes congés, pour partager la vie de la Communauté, avec des séjours de plus en plus longs, si bien qu'à un certain moment j'ai cru que j'allais y rester. Mais le Seigneur en avait décidé autrement...
N'ayant pas eu d'enfant pour créer un lien entre mon mari et moi, j'ai essayé d'oublier ce Mariage « raté » pour effacer cette période douloureuse de ma vie. Au bout de tant d'années, la page étant tournée (du moins je le croyais), apaisée, je me sentais forte, guérie à ma manière. Mais, lors de ma première rencontre avec la Communion Notre-Dame de l'Alliance au Foyer de Charité de Spa en 1986, le Seigneur m'attendait non pas d’abord, comme je le croyais, pour me demander d'aider mes frères et sœurs en détresse, mais pour me faire découvrir que j'avais encore à me convertir pour répondre à Son appel, pour aller jusqu'au bout du pardon, jusqu'au renouvellement du « Oui » de mon ménage.
Pardonner au conjoint qui nous a trahis et fait souffrir ? Humainement, cela semble impossible; et pourtant, Jésus nous demande de pardonner en son Nom. Jésus nous demande de faire le premier pas, puis d'avancer un pas après l'autre. A nous de ne pas nous décourager, sachant bien que Marie, notre Maman, est toujours là, comme au pied de la Croix, pour nous prendre par la main et nous conduire.
Et maintenant je suis en route, même si le chemin est difficile à parcourir, même si l'image du visage de mon mari s'est estompée, parce qu'il a dû vieillir, comme moi, et que je ne l'ai plus revu depuis notre séparation. J’ai compris que, pendant tout le temps que je vivrai sur cette terre, il me faudra prier pour cet homme que le Seigneur m'a confié, puisqu'il est toujours mon mari, et qu'il le sera pour l'éternité.
En cette année Mariale, je ne sais comment remercier Marie, comment Lui exprimer ma reconnaissance, ma joie, pour sa Protection, sa Vigilance... Elle a su me remettre debout, Marie, notre Maman, qui porte si bien le nom de Médiatrice et Consolatrice des affligés.
Ainsi soit-il ».
Isabelle - « Après mon divorce, Marie m'a remise debout » - Témoignage du livre « Séparés, Divorcés, une possible espérance » de Paul Salaün, co-fondateur de la Communion Notre-Dame de l'Alliance diffusé sur Radio Maria France le 19 avril 2017
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