Prière de Saint Cyprien de Carthage
Voici une Lettre face aux persécutions qui s'annoncent et à la venue prochaine de l'Antichrist pour devenir « Soldat du Christ », instruit par Ses enseignements et Ses avertissements « Armons-nous et préparons-nous à la lutte avec une âme incorruptible, une foi entière et un courage prêt au sacrifice » de Saint Cyprien (200-258), Évêque de Carthage, aux Chrétiens de Thibaris (aujourd'hui Thibar) près de Teboursouck en Tunisie.
La Lettre de Saint Cyprien de Carthage aux Chrétiens de Thibaris « Armons-nous et préparons-nous à la lutte avec une âme incorruptible, une foi entière et un courage prêt au sacrifice » :
« J'avais pensé, mes frères très chers, et voulais, si les affaires et le temps le permettaient, aller en personne, selon le désir que fréquemment vous aviez exprimé, auprès de vous, pour encourager, vaille que vaille, votre communauté par mes paroles. Mais je suis tellement retenu par des affaires urgentes, qu'il ne m'est pas possible de m'éloigner beaucoup d'ici, ni de quitter longtemps, le peuple à la tête duquel nous a mis la divine Bonté : je vous envoie donc, en attendant, cette lettre à ma place. Recevant souvent des inspirations, avis que Dieu daigne nous envoyer, nous avons voulu porter à votre connaissance les inquiétudes que nous donnent ces avertissements. Vous devez donc savoir et tenir pour certain que la persécution est suspendue sur nos têtes, que ce jour vient, que la fin du monde et le temps de l'Antichrist approchent. Ainsi nous devons tous nous tenir prêts pour le combat, ne penser à rien qu'à la gloire de la Vie éternelle et à sa Couronne de la confession du Seigneur, sans nous imaginer, d'ailleurs, que ce qui vient est tel que ce qui est passé. Un combat plus sérieux et plus acharné est imminent : les Soldats du Christ doivent s'y préparer avec un robuste courage considérant que chaque jour le Calice du Sang du Christ leur est donné à boire, afin qu'ils soient en état de verser eux-mêmes leur sang pour le Christ. On veut en effet être trouvé avec le Christ, quand on reproduit ce que le Christ a enseigné et a fait, selon la Parole de l'apôtre Jean : « Celui qui dit qu'il demeure dans le Christ, il doit marcher lui-même comme le Christ a marché ». (Jn 2, 6). De même l'apôtre Paul nous exhorte et nous instruit en disant : « Nous sommes les enfants de Dieu ; si nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers et les cohéritiers du Christ, à condition que nous souffrions avec Lui pour être glorifiés avec Lui » (Rom 8, 16-17).
C'est tout cela que nous devons considérer, afin que personne ne regrette rien du monde qui va périr, mais qu'on suive le Christ, qui vit éternellement, et fait vivre Ses serviteurs qui ont foi en son Nom. Le temps vient, en effet, mes très chers, que le Seigneur a prédit depuis longtemps et dont Il nous a annoncé l'approche en disant : « Une heure viendra, où quiconque vous fera mourir croira honorer Dieu. Mais ils feront ainsi parce qu'ils n'ont connu ni mon Père ni Moi. Mais je vous ai dit ces choses, afin que, quand viendra leur heure, vous vous souveniez que Je vous l'ai prédite » (Jn 16, 2-4). Que personne ne s'étonne que nous soyons assaillis de persécutions constantes, que des alarmes nous inquiètent sans cesse. Le Seigneur nous a prédit d'avance que cela aurait lieu à la fin des temps. Il nous a formés à notre service de soldats par l'enseignement et l'encouragement de sa Parole. L'apôtre Pierre aussi nous a appris que les persécutions ont lieu afin que nous soyons éprouvés, et qu'à l'exemple des justes qui nous ont précédés, nous soyons, nous aussi, unis par la mort et la souffrance à la Charité de Dieu. Il a mis, en effet, ceci dans Son épître : « Mes très chers, ne vous étonnez pas de l'incendie qui s'allume pour vous, il a pour but de vous éprouver, et ne vous découragez pas comme s'il vous arrivait quelque chose d'extraordinaire. Mais toutes les fois que vous avez part aux Souffrances du Christ, réjouissez-vous, afin qu'à la manifestation de sa Gloire, vous tressailliez de joie. Si l'on vous outrage pour le Nom du Christ, vous êtes heureux, parce que le Nom du Seigneur, un Nom de majesté et de puissance, repose sur vous, et qu'il est par eux en blasphème, par vous en honneur » (Pierre 4, 12-14). Les Apôtres n'ont fait que nous enseigner ce qu'ils avaient appris de l'enseignement dominical, et des instructions venues du Ciel, le Seigneur Lui-même confirmant leur parole et disant : « Il n'est personne qui, abandonnant sa maison, son champ, ses parents, ses frères ou ses sœurs, ou son épouse pour le Royaume de Dieu, ne reçoive sept fois autant dès ce monde et dans le siècle à venir la vie éternelle » (Lc 18, 29-30). Et encore : « Heureux serez-vous, quand les hommes vous prendront en haine, vous écarteront, vous chasseront et maudiront votre nom à cause du Fils de l'homme. Réjouissez-vous ce jour-là et tressaillez d'allégresse car voici que votre récompense est grande dans le Ciel » (Lc 6,22-23).
Le Seigneur a voulu que nous nous réjouissions et que nous tressaillions dans les persécutions, parce que quand les persécutions viennent, c'est alors que se donnent les Couronnes de la Foi, alors que font leurs preuves les Soldats du Christ, alors que les Cieux s'ouvrent aux Martyrs. Nous ne nous sommes pas engagés dans la milice pour ne penser qu'à la paix, refuser le service et nous y dérober, quand le Seigneur, le Maître de l'humilité, de la patience, de la souffrance, a fourni Lui-même avant nous le même service. Ce qu'Il a enseigné, Il a commencé par le faire, et nous exhortant à souffrir, Il a auparavant souffert Lui-même pour nous. Ayons devant les yeux, frères très chers, que Celui que le Père a constitué seul Juge, et qui viendra juger, a déjà fait connaître le sens dans lequel Il jugera et conduira Son enquête future. Il a prédit et proclamé qu'Il confesserait devant son Père ceux qui Le confesseraient et qu'Il renierait ceux qui Le renieraient. Si nous pouvions échapper à la mort, nous craindrions, à bon droit, de mourir. Mais puisqu'il est inévitable qu'un mortel meure, saisissons l'occasion que nous offre la divine Promesse et la divine Bonté ; subissons la mort, pour recevoir l'immortalité, et ne craignons pas d'être tués, puisqu'il est sûr que quand on nous tue, on nous couronne.
Et que personne, frères très chers, en voyant le peuple de nos frères mis en fuite par la crainte de la persécution, et dispersé, ne se trouble de ne plus les trouver réunis, et de n'entendre plus les évêques les instruire. Nous ne pouvons être tous ensemble, nous qui n'avons pas le droit de donner la mort, et qui ne pouvons pas ne pas la recevoir. En ces jours, chacun de nos frères peut se trouver, provisoirement et par la force des circonstances, séparé, non d'esprit mais de corps, du troupeau : qu'il ne se laisse pas émouvoir par l'horreur de cet exil ; où qu'il se trouve éloigné et caché, que la solitude ne l'épouvante pas. Il n'est pas seul celui que le Christ accompagne dans sa fuite ; il n'est pas seul celui qui, conservant le temple de Dieu ou qu'il soit, n'est jamais sans Dieu. Et, si pendant qu'il fuit dans la solitude et la montagne, il est tué par un brigand, attaqué par un fauve, accablé par la faim, la soif, ou le froid, ou, si pendant qu'il se hâte sur les mers dans une navigation précipitée, la tempête et la tourmente le font périr dans les flots, le Christ a les yeux sur son soldat, où qu'il combatte; quand il meurt dans la persécution, pour l'honneur de son Nom, Il lui donne la récompense qu'Il a promis de donner au Jour de la Résurrection. La Gloire du martyre n'est pas moindre de ne pas mourir publiquement et devant beaucoup de monde, quand la raison de mourir est de mourir pour le Christ. L'attestation du martyre est suffisante, quand il a pour témoin Celui-là même qui éprouve les martyrs, et les couronnes.
Imitons, frères très chers, Abel le juste, qui inaugura le martyre en subissant le premier la mort pour la justice. Imitons Abraham, cet ami de Dieu, qui n'hésita pas à offrir de ses propres mains son fils comme victime, obéissant à Dieu avec une foi dévouée. Imitons les trois enfants, Ananias, Azarias, Misaël, qui, sans se laisser effrayer par leur âge, ni décourager par la captivité, lorsque la Judée eut été vaincue, et Jérusalem prise, vainquirent un roi dans son propre royaume par la vaillance de leur foi. Sommés d'adorer la statue qu'avait fait édifier le roi Nabuchodonosor, ils se montrèrent plus forts que les menaces du roi et que les flammes, faisant cette déclaration et attestant leur foi par ces Paroles : « ô roi Nabuchodonosor, il n'est pas besoin que nous vous répondions à ce sujet. Le Dieu que nous servons est assez Puissant pour nous tirer de la fournaise ardente, et Il nous délivrera de vos mains. Et quand même cela ne serait pas, sachez que nous ne servons pas vos dieux, et que nous n'adorons pas la statue que vous avez fait élever » (Dan 3, 16-18). Ils croyaient selon la foi, qu'ils pouvaient échapper, mais ils ajoutèrent « quand même cela ne serait pas », afin de faire savoir au roi qu'ils pouvaient aussi mourir pour le Dieu qu'ils honoraient. C'est là du courage et de la foi : croire et savoir que Dieu peut nous délivrer de la mort qui menace, et cependant ne pas craindre la mort et ne pas céder, pour donner une plus grande preuve de sa foi. La vigueur incorruptible et invincible de l'Esprit Saint a éclaté par leur bouche et l'on voit la vérité de ce que le Seigneur a proclamé dans son Evangile : « Quand on vous aura arrêtés, ne songez pas à ce que vous direz. Ce, que vous aurez à dire vous sera donné à l'heure même. Ce n'est pas vous, en effet, qui parlez, mais l'Esprit de votre Père qui parle en vous » (Mt 10, 19-20). Il a dit que la manière dont nous devons parler et répondre nous sera donnée et suggérée par Dieu à l'heure même, et que ce n'est pas nous qui parlons, mais l'Esprit de Dieu notre Père. Ce Dieu ne s'éloigne point et ne se sépare point de ceux qui Le confessent, c'est Lui-même qui parle et qui est couronné en nous. Ainsi, encore, Daniel, comme on le sommait d'adorer l'idole de Bel, au moment où tout le peuple et le roi l'adoraient, voulant rendre honneur à son Dieu, éclata en paroles pleines de foi et de liberté : « Je n'honore que le Seigneur, mon Dieu, qui a créé le ciel et la terre » (Dan 14, 4).
Dans l'histoire des Macchabées, les supplices douloureux des bienheureux martyrs, les tourments multiples des sept frères, et cette mère qui anime ses fils, et meurt elle-même avec eux, ne nous donnent-ils pas des exemples de grand courage et de grande foi ? Ne nous excitent-ils pas, par les souffrances qu'ils endurèrent, au triomphe du martyre. Et les prophètes à qui l'Esprit Saint donna la connaissance de l'avenir, et les Apôtres que le Seigneur avait choisis, est-ce que, en se laissant mettre à mort, ces Justes ne nous apprennent pas à mourir à notre tour pour la justice ? La Naissance du Christ fut aussitôt marquée par des martyres d'enfants, ceux qui avaient deux ans et au-dessous étant égorgés à cause de son Nom. Un âge impropre au combat fut en état de conquérir la couronne. Pour qu'il fût bien établi que ceux-là sont innocents qui se font égorger pour le Christ, l'enfance innocente fut mise à mort à cause de son Nom. Il fut bien montré que personne n'est exempt de la persécution, lorsque meure des enfants de cet âge subirent le martyre. Combien le cas serait grave pour un serviteur portant le nom de chrétien de ne pas vouloir souffrir quand son Maître, le Christ, a souffert le premier ; combien lâche pour nous de ne pas consentir à souffrir pour nos péchés, quand Lui, qui n'avait pas de péché propre, a souffert pour nous ! Le Fils de Dieu a souffert pour faire de nous des fils de Dieu, et le fils de l'homme ne veut pas souffrir pour continuer d'être fils de Dieu ! Si nous sommes en proie à la haine du monde, le Fils de Dieu l'a éprouvée avant nous; si nous souffrons ici-bas des outrages, l'exil, les tourments, l'Auteur, le Maître du monde a souffert un traitement pire encore ; et Il nous le rappelle : « Si le monde, dit-Il, vous haït, souvenez-vous qu'il M'a haï d'abord. Si vous étiez du monde, le monde aimerait ce qui lui appartiendrait ; mais, parce que vous n'êtes pas du monde, et que Je vous ai choisis et tirés du monde, c'est pour cela que le monde vous haït. Souvenez-vous de la parole que Je vous ai dite : Le serviteur n'est pas au-dessus de son maître. S'ils M'ont persécuté, ils vous persécuteront aussi » (Jn 15, 18-20). Notre Maître et notre Dieu a fait tout ce qu'Il a enseigné, de telle façon que le disciple n'est pas excusable, qui reçoit un enseignement et ne fait pas ce qu'on lui enseigne.
Et que personne d'entre vous, frères très chers, ne se laisse tellement effrayer par la persécution qui s'annonce et la venue prochaine de l'Antichrist, qu'il ne trouve plus dans les exhortations évangéliques et les préceptes et les avertissements célestes, des armes contre tous les dangers. L'Antichrist vient, mais après lui vient le Christ. L'ennemi rôde et exerce ses ravages, mais le Seigneur le suit aussitôt et venge nos souffrances et nos blessures. L'adversaire se fâche et fait des menaces, mais il y a quelqu'un qui peut nous tirer de ses mains. Celui-là doit être craint, à la colère de qui personne ne peut échapper, comme il nous en avertit Lui-même : « Ne craignez pas, dit-Il, ceux qui peuvent tuer le corps, mais ne peuvent tuer l'âme. Redoutez plutôt celui qui peut tuer le corps et l'âme, en le jetant dans la géhenne » (Mt 10, 28). Et encore : « Celui qui aime son âme la perdra, et celui qui hait son âme en ce monde, la sauvera pour la vie éternelle » (Jn 12, 25). L'Apocalypse aussi nous met en garde et nous avertit : « Si quelqu'un adore la bête et son image, et en reçoit la marque sur son front et sur la main, il boira du vin de la Colère de Dieu mêlé dans la coupe de sa Colère ; il sera puni par le feu et par le soufre sous les yeux des saints anges et de l'Agneau, et la fumée de leur supplice montera dans les siècles des siècles. Il n'aura point de repos le jour ni la nuit, celui qui adore la bête et son image » (Ap 14, 9-11).
Pour concourir dans les épreuves agonistiques du siècle, on s'exerce, on s'entraîne, et l'on s'estime fort honoré si, sous les yeux du peuple et en présence de l'empereur, on a eu le bonheur de recevoir la couronne. Voici une épreuve sublime et magnifique, qu'honore l'attribution de la Couronne céleste, où Dieu nous regarde combattre, et, étendant ses Regards sur ceux dont Il a daigné faire Ses enfants, jouit du spectacle de notre lutte. Pendant que nous sommes martyrisés, et soutenons le combat de la foi, Dieu nous regarde, ses anges nous regardent, le Christ nous regarde. Quelle gloire pour nous, quelle heureuse fortune, d'avoir Dieu pour Président de l'épreuve quand nous sommes aux prises, le Christ pour Juge du combat quand nous sommes couronnés. Armons-nous, frères très chers, de toutes nos forces, et préparons-nous à la lutte, avec une âme incorruptible, une foi entière, un courage prêt au sacrifice. Que l'Armée de Dieu sorte du camp et marche au combat qui nous est offert. Que ceux qui sont restés debout s'arment, afin que celui qui n'a point fléchi garde sa gloire tout entière. Que ceux qui sont tombés s'arment aussi, afin que le tombé recouvre ce qu'il a perdu. Que l'honneur anime les uns, la douleur les autres. Le bienheureux Apôtre nous apprend à nous armer et à nous préparer, quand il dit : « La lutte que nous avons à soutenir n'est point contre des êtres de chair et de sang, mais contre les puissances et les princes de ce monde et de ces ténèbres, contre les esprits de perversité répandus dans les airs. C'est pourquoi revêtez-vous d'une armure entière, afin que vous puissiez résister, au jour mauvais. Ainsi quand vous aurez achevé de vous armer, vous vous dresserez, les reins ceints de vérité, portant la cuirasse de justice, les pieds chaussés, tout prêts à aller annoncer l'évangile de la paix, prenant le bouclier de la foi pour éteindre les traits enflammés de l'ennemi, portant le casque du salut et le glaive de l'esprit, qui est la Parole de Dieu » (Ep 6,12-17).
Prenons ces armes, revêtons-nous de ces défenses spirituelles et célestes, afin qu'au jour mauvais nous puissions résister aux menaces du diable, et lutter contre lui. Couvrons-nous de la cuirasse de justice, afin que notre poitrine soit armée et défendue contre les traits de l'ennemi, que l'enseignement évangélique soit pour nos pieds une armure défensive, afin, que quand le serpent sera foulé et écrasé, il ne puisse nous mordre ou nous faire tomber. Portons courageusement le bouclier de la foi, afin que sur lui s'émoussent les traits de l'ennemi. Prenons aussi pour en couvrir notre tête le casque spirituel, afin de protéger nos oreilles pour qu'elles n'écoutent point des édits funestes, de protéger nos yeux pour qu'ils se refusent à regarder des statues abominables, de protéger notre front pour que le signe de Dieu y soit gardé sans altération, de protéger notre bouche pour que notre langue confesse victorieusement le Seigneur son Dieu. Armons aussi notre main du glaive spirituel, afin qu'elle repousse avec mépris et sans peur, des sacrifices funestes, et que se souvenant de l'Eucharistie où elle reçoit le Corps du Seigneur, elle s'attache à Lui pour recevoir ensuite de Lui la récompense des célestes couronnes.
Quel grand, quel beau Jour, frères très chers, que Celui où le Seigneur passera la revue de Son peuple, et d'un Regard divin examinera les mérites de chacun, ou Il enverra les méchants dans la géhenne, et condamnera aux flammes éternelles du feu vengeur ceux qui nous auront persécutés, tandis qu'à nous, Il nous paiera le prix de notre foi et de notre dévouement ! Quelle ne sera pas notre gloire et notre bonheur : être admis à voir Dieu, avoir l'honneur de participer aux joies du Salut et de la Lumière éternelle dans la compagnie du Christ le Seigneur notre Dieu, rencontrer Abraham, Isaac et Jacob, tous les Patriarches, les Apôtres, les Prophètes, les Martyrs, jouir au Royaume des Cieux dans la compagnie des Justes et des Amis de Dieu, des joies de l'immortalité acquise, y goûter « ce que l'œil de l'homme n'a pas vu, ce que son oreille n'a pas entendu, ce que son cœur n'a point éprouvé ! » (1 Cor 2, 9). Que nous devions recevoir plus que le juste prix de ce que nous faisons ou souffrons ici-bas, c'est ce que l'Apôtre proclame : « Les souffrances de ce temps ne sont pas comparables à la Gloire à venir qui sera manifestée en nous » (Rom 8, 18). Quand cette Manifestation viendra, quand la Gloire de Dieu brillera en nous, nous serons aussi heureux et charmés de l'honneur dont le Seigneur daignera nous combler, que resteront tristes et malheureux ceux qui, abandonnant Dieu ou se révoltent contre Lui, ont fait la volonté du diable, et doivent avec lui être torturés par un feu qui ne pourra s'éteindre.
Que ces pensées, frères très chers, soient bien fixées dans nos esprits. Que ce nous soit une préparation aux armes, un exercice de jour et de nuit, d'avoir devant les yeux, de nous représenter sans cesse, dans notre esprit et dans nos sens, les supplices des méchants, et les récompenses des justes, les peines dont le Seigneur menace ceux qui Le renient, et au contraire la gloire qu'Il promet à ceux qui confessent son Nom. Si le jour de la persécution nous trouve dans ces pensées et dans ces méditations, le Soldat du Christ, instruit par Ses enseignements et Ses avertissements, n'a point peur du combat : il est prêt pour la Couronne. Je souhaite, frères très chers, que vous vous portiez toujours bien ».
Ainsi soit-il.
Saint Cyprien de Carthage (200-258) - « Traité sur la mort »
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