Paul annonce « l’interdiction du divorce » comme une volonté expresse du Christ : « Quant à ceux qui sont mariés, je leur prescris non pas moi toutefois, mais le Seigneur, que la femme ne se sépare pas de son mari – et si elle se sépare, qu’elle demeure sans se remarier, ou qu’elle se réconcilie avec son mari – et que le mari ne quitte point sa femme » (1 Co 7, 10-11).
Dans le même temps, se fondant sur sa propre autorité, Paul permet qu’un non chrétien peut se séparer de son partenaire devenu chrétien. Dans ce cas, le chrétien n’est « pas tenu » à demeurer non marié (1 Co 7, 12-16 : « Quant aux autres, c'est moi qui leur dis, non le Seigneur : si un frère a une femme non croyante qui consente à cohabiter avec lui, qu'il ne la répudie pas. Une femme a-t-elle un mari non croyant qui consente à cohabiter avec elle, qu'elle ne répudie pas son mari. En effet le mari non croyant se trouve sanctifié par sa femme, et la femme non croyante se trouve sanctifiée par le mari croyant. Car autrement, vos enfants seraient impurs, alors qu'ils sont saints ! Mais si la partie non croyante veut se séparer, qu'elle se sépare ; en pareil cas, le frère ou la sœur ne sont pas liés : Dieu vous a appelés à vivre en paix. Et que sais-tu, femme, si tu sauveras ton mari ? Et que sais-tu, mari, si tu sauveras ta femme ? »). À partir de ce passage, l’Église a reconnu que seul le mariage entre un homme baptisé et une femme baptisée est un sacrement au sens propre, et que l’indissolubilité sans condition ne vaut que pour eux. Bien que le mariage des non baptisés soit ordonné à l’indissolubilité, il peut être dissous dans certaines circonstances, en vue d’un bien supérieur (privilège paulin). Il ne s’agit donc pas ici d’une exception à la parole du Seigneur : l’indissolubilité du mariage sacramentel, du mariage dans le cadre du mystère du Christ, est sauvegardée.
La Lettre aux Éphésiens, dans laquelle on affirme : « Maris, aimez vos femmes, comme aussi le Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle » (Ep 5, 25), possède une grande signification pour le fondement biblique de la compréhension sacramentelle du mariage. Un peu plus loin l’Apôtre écrit : « C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme ; et les deux ne seront qu’une seule chair. Ce mystère est grand ; je le dis par rapport au Christ et à l’Église (Ep 5, 31-32). Le mariage chrétien est un signe efficace de l’alliance du Christ et de l’Église. Le mariage entre baptisés est un sacrement parce qu’il désigne et communique la Grâce de cette alliance.
L’Église catholique, dans son enseignement et dans sa pratique, s’est constamment référée à ces paroles de Jésus sur l’indissolubilité du mariage. Le pacte qui unit intérieurement les deux conjoints est institué par Dieu lui-même. Il désigne une réalité qui vient de Dieu et n’est donc plus à la disposition des hommes.
La valeur anthropologique du mariage indissoluble soustrait les conjoints à l’arbitraire et à la tyrannie des sentiments et des états d’âme ; il les aide à traverser les difficultés personnelles et à surmonter les expériences douloureuses ; il protège surtout les enfants, qui pâtissent le plus de la rupture des mariages.
L’amour est plus que le sentiment et l’instinct ; dans son essence il est dévouement. Dans l’amour conjugal, deux personnes se disent l’une à l’autre consciemment et volontairement : seulement toi – et toi pour toujours. À la parole du Seigneur : « Ce que Dieu a uni… » correspond la promesse du couple : « Je te prends pour époux… je te prends pour épouse… Je veux t’aimer, te respecter et t’honorer tant que je vis, jusqu’à ce que la mort nous sépare ». Le prêtre bénit l’alliance que les conjoints ont conclue entre eux devant Dieu. Quiconque a des doutes sur le fait que le lien matrimonial possède une qualité ontologique, voudra se laisser instruire par la Parole de Dieu : « Le Créateur, dès l’origine, les fit homme et femme, et a dit : Ainsi donc l’homme quittera son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et les deux ne feront qu’une seule chair. Ainsi ils ne sont plus deux, mais une seule chair » (Mt 19, 4-6).
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Matthieu :
Matthieu 5,31-32 : « Il a été dit d'autre part : Quiconque répudiera sa femme, qu'il lui remette un acte de divorce. Eh bien ! Moi je vous dis : Tout homme qui répudie sa femme, hormis le cas de « prostitution », l'expose à l'adultère ; et quiconque épouse une répudiée, commet un adultère ». La répudiation ou le divorce pour Saint Matthieu est contraire à la volonté de Dieu, qu'il soit suivi ou non d'un nouveau mariage. Le fait d'avoir été répudiée par son mari fait passer la femme pour une épouse infidèle, légitimement chassée par lui. C'est un statut qui lui est imposé par le péché d'un autre, celui de son conjoint.
Matthieu 9, 19 : « Or je vous le dis : quiconque répudie sa femme - pas pour « prostitution » - et en épouse une autre, commet un adultère ». Le remariage constitue une transgression de la volonté de Dieu. Ce qui est vrai du mari l'est aussi de sa femme. La responsabilité et la culpabilité sont les mêmes de part et d'autre. Le Seigneur est formel : le mariage est sacré et doit demeurer intact. Le lien conjugal est indissoluble et ne peut être rompu. Tel doit être l'enseignement de l'Église à une époque où le mariage passe de plus en plus pour une sorte de « contrat » valable aussi longtemps que « cela marche » et qu'on peut dissoudre quand on ne s'aime plus et qu'on n'a plus envie de vivre ensemble. Lire : « La question du divorce selon Saint Mattieu »
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Marc :
Marc 10, 11-12 : « Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à son égard ; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère. »
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Luc :
Luc 16, 18 : « Tout homme qui répudie sa femme et en épouse une autre commet un adultère, et celui qui épouse une femme répudiée par son mari commet un adultère ». Chez Saint Luc, l'interdiction du divorce vient illustrer le principe « qu’il est plus facile que le ciel et la terre passent qu'il ne l'est qu'un seul trait de lettre de la loi vienne à tomber » (Lc 16, 17).
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Hermas :
Hermas a été contemporain des derniers apôtres de Jésus-Christ et faisait partie des 70 disciples. Il a vécu à la fin du premier siècle. Il a beaucoup insisté sur la pureté du mariage dans l’ouvrage qu’il a écrit vers l’an 90, « Le Pasteur d’Hermas » : « Si un mari a une femme adultère, il doit se séparer d’elle, si elle ne veut pas se repentir, afin de ne pas participer à sa souillure. Mais il doit rester seul. S’il se remarie, lui aussi commet un adultère. Si son épouse se repent, le mari doit la reprendre avec lui. S’il ne veut pas pardonner à sa femme repentante, il commet un grand péché. Mari et épouse doivent être traités de la même manière. Celui qui épouse un veuf ou une veuve ne pèche pas. Mais la veuve ou le veuf qui décide de rester seul acquiert une gloire spirituelle plus grande auprès du Seigneur ».
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Justin :
Saint Justin (100-165) dans « L’Apologie des chrétiens » : « Convoiter un homme ou une femme dans son cœur est déjà commettre le péché d’adultère. Dieu juge les motivations et les intentions des cœurs. Tous ceux qui épousent un homme ou une femme divorcés commettent un adultère. Tout remariage, alors que le conjoint est encore vivant, constitue un adultère. Les chrétiens ne doivent tenir aucun compte de la loi des hommes, dès lors qu’elle viole la Loi de Dieu. Si la loi des hommes permet le remariage, la Loi de Dieu ne le permet pas ».
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Clément :
Saint Clément d’Alexandrie (150-216) : « Les Écritures encouragent le mariage. L’union du mariage est permanente et dure toute la vie. Personne ne peut briser cette union. La seule raison biblique légitime pour un divorce est l’adultère d’un conjoint. Tout divorce pour n’importe quel autre motif est interdit. Tout remariage alors que le conjoint précédent est encore vivant est un adultère, et reste formellement interdit par l’Écriture. Un homme qui divorce de sa femme la corrompt et la viole, car il l’expose à se remarier et à commettre un adultère. Elle ne peut se remarier que si son mari meurt. Celui qui épouse une femme divorcée commet un adultère. Il pèche non seulement contre son épouse encore vivante, mais aussi contre Dieu, car il empêche la restauration de son premier mariage. Cela est aussi valable pour celle qui épouse un divorcé. Le conjoint divorcé doit rester seul, et s’efforcer de restaurer son mariage brisé, s’il est possible. »
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Origène :
Saint Origène (185-254) : « Un homme qui divorce de sa femme, sans que celle-ci soit adultère, la pousse à devenir adultère si elle se remarie, et l’homme qui l’épousera commettra aussi un adultère .Le mariage dure tant que les époux sont vivants. Tant que les conjoints sont vivants, tout remariage de l’un d’eux constitue un adultère. Toute relation sexuelle entre un homme et une femme remariés après un divorce doit être considérée comme une relation adultère, et confessée comme un péché. Tout remariage, même légal selon la loi des hommes, ne peut jamais être considéré comme un mariage devant Dieu. Ce n’est qu’un adultère déguisé ».
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Basile :
Saint Basile le Grand (329-379) : « Quand un homme quitte sa femme, et que celle-ci se remarie, il pousse sa femme à commettre un adultère. Quand une femme épouse un homme divorcé, elle est coupable d’adultère. Elle est coupable d’avoir épousé le mari légal d’une autre femme, et d’avoir privé cette femme de son mari. Une relation adultère ne concerne pas seulement un acte sexuel isolé. Mais tant qu’une relation adultère persiste, elle doit être considérée comme un adultère permanent. Une femme abandonnée par son mari doit rester seule et ne pas se remarier. Toutefois, Basile reconnaît que cette femme peut parfois avoir des excuses si elle se remarie, et recommande de ne pas la condamner. Une femme abandonnée par son mari, et qui a une relation sexuelle avec un autre homme commet un adultère. Ceci est aussi valable pour l’homme qui est abandonné par sa femme. C’est un péché grave pour une femme de prendre le mari d’une autre femme. Elle doit être considérée comme adultère. Il en est de même pour un homme qui prend l’épouse d’un autre homme. Il commet un adultère ».
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Ambroise :
Saint Ambroise de Milan (340-397) : « L’acte sexuel est réservé au couple marié, tout acte sexuel en dehors du mariage est un péché. Dieu interdit de divorcer pour se remarier : il est interdit pour un homme ou une femme de se remarier, tant que son conjoint est encore vivant. Il est faux de dire que le divorce est un droit. Même si la loi des hommes le permet, Dieu l’interdit formellement. Tous ceux qui choisissent la loi des hommes et qui rejettent la Loi de Dieu devraient plutôt craindre le jugement de Dieu. Ils n’ont pas la crainte de Dieu tous les conducteurs de l’Église devraient connaître la Parole du Seigneur et lui obéir, sous peine de conséquences graves. L’homme ne doit pas séparer ce que Dieu a uni. Le fait de se convertir au Seigneur permet de recevoir le pardon des péchés passés, mais ne nous dispense pas d’obéir ensuite aux commandements de Dieu. »
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Jérôme :
Saint Jérôme (347-420) : « Le Seigneur interdit dans Sa Parole le divorce et le remariage. Les chrétiens doivent cesser de se trouver des excuses pour divorcer et se remarier. Aucune de ces excuses ne sera acceptée par le Seigneur. Et aucune ne doit être acceptée, si nous voulons mettre en pratique la Parole de Dieu dans notre vie personnelle. »
« Il est interdit de divorcer » selon Saint Augustin :
Saint Augustin (354-430) : « Aucun de ceux qui divorcent et se remarient ne peut prétendre être dans la volonté de Dieu, ni éviter le péché d’adultère. Le remariage d’un(e) divorcé(e) est toujours un adultère. Le remariage n’est jamais permis, même en cas d’adultère, de fornication et d’impureté sexuelle du conjoint. Ceux qui épousent un(e) divorcé(e) commettent donc toujours un adultère. Tout divorcé remarié est considéré par Dieu comme toujours marié au conjoint précédent, tant que celui-ci est en vie. La loi des hommes n’a aucune valeur devant Dieu. Toute relation sexuelle entre divorcés remariés est donc un péché d’adultère aux yeux du Seigneur et de l’Église. C’est une désobéissance flagrante à la Parole de Dieu. Il faut demeurer dans la chasteté et l’abstinence. Il est possible de divorcer si le conjoint est coupable d’adultères, mais le conjoint innocent doit demeurer seul, tant que l’autre conjoint est vivant. Seule la mort peut rompre le lien du mariage. Il est formellement interdit à un homme qui n’a jamais été marié d’épouser une femme divorcée, dont le conjoint serait encore vivant. Il serait coupable d’adultères. Cela est aussi valable pour une femme qui n’a jamais été mariée. Il lui est interdit d’épouser un homme divorcé dont la femme serait encore vivante. Elle serait aussi coupable d’adultères .Le remariage après un divorce ne sera jamais admis par Dieu. Affirmer le contraire serait admettre les superstitions adultères d’un autre dieu que celui que nous servons. »
Voir aussi :
La réflexion du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine « La séparation des époux devrait être punie comme un crime ! »