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Prière de la Bienheureuse Alix Le Clerc

Prières > à la Sainte Vierge

« Je vous supplie, mon Dieu et Sauveur, de nous faire cette grâce de marcher par le chemin qu'il vous a plu de nous frayer par votre exemple et par les mérites de votre bénite Mère, laquelle nous désirons imiter, aidés par son pouvoir, et dans cette espérance, nous désirons mourir sous l'abri de son nom et de sa protection. »



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Bienheureuse Alix Le Clerc (1576-1622) - Fondatrice de la congrégation Notre-Dame - Chanoinesses de St Augustin

Alix, issue d’une famille qui habitait Remiremont dans les Vosges était riche, belle, elle aimait la vie, la danse et les danseurs. Et puis, un jour, elle se convertit. Elle avait vingt et un ans. Sous la direction spirituelle de Saint Pierre Fourier, elle se donna à l'éducation des jeunes filles en fondant la congrégation Notre-Dame, les Chanoinesses de Saint-Augustin. Sa vie est faite de simplicité, de prière et de respect de la grâce de Dieu en chaque jeune dont elle recevait la charge éducative. La Bienheureuse Alix Le Clerc meurt le 9 janvier 1622 au monastère de Nancy et c’est le 4 mai 1947 que Pie XII la béatifie.

Voir aussi « Prier avec la Bienheureuse Alix Le Clerc »

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La Vie détaillée de la Bienheureuse Alix Le Clerc :
Alix Le Clerc est née le 2 février 1576 à Remiremont. « Fille d'un père chrétien et d'une mère chrétienne, elle suça le christianisme avec le lait ». Son père, Jean, seigneur de Roville-aux-Chênes, dont la famille a été anoblie en 1512, épouse Anne Sagay, descendante d'une ancienne famille d'Épinal. Alix sera leur seule enfant.
Son Père est probablement commerçant. Après une enfance heureuse, Alix est une adolescente « estimée sage et dévote » mais aussi vive et gaie. Elle aime la danse et les fêtes. Au cours d'une « fièvre continue », un ami, par raillerie, lui apporte un livre où se trouve le récit terrible d'une personne qui a fait une confession sacrilège. Ce récit jette l'effroi dans l'âme de la jeune fille qui s'accuse d'avoir « mérité l'enfer pour tant de péché qu'elle a commis le temps qu'elle a demeuré parmi le monde ».
À partir du voyage de convalescence qu'elle fait avec son Père, l'adolescente se détache des relations humaines. « Ce départ me réjouit fort pour me retirer du monde qui m'ennuyait, sans en savoir la cause; mais étant là, les compagnies m'y environnaient aussi bien qu'ailleurs, et j'y avais plus de vanité et de contentement qu'en autre part. Ce fut une grâce de Dieu que je ne fus pas portée à la vocation du mariage, mais j'avais aversion à la subjection d'un mari ». Peu de temps après, à la messe de sa paroisse de Mattaincourt, au cours du sermon, elle a une vision. Elle entend de la musique et voit Satan mener le bal. Il en est de même les dimanches suivant. Bouleversée, Alix se consacre à Dieu : « Je proposais que désormais, je ferai tout ce que je saurais être le plus agréable à Dieu, quand ce serait pour mourir ».
Elle se confie à Pierre Fourier, son curé, qui l'oriente vers les ordres existants, mais elle n'y trouve pas son épanouissement, elle se sent une autre vocation.
« Il lui tombait en l'esprit qu'il faudrait faire une maison nouvelle de filles pour pratiquer tout le bien qu'on pourrait » . Sur les conseils prudents et avisés du saint curé qui adhère à son idéal, elle regroupe quatre de ses amies et, ensemble, elles affirment leur décision dans l'église de Mattaincourt à Noël 1597. C'est Pierre Fourier qui les oriente vers l'enseignement. Il leur confie la réalisation de son projet d'une école pour les filles où elles enseigneraient gratuitement. L'idée est mal accueillie par la population qui se moque, par le père d'Alix désolé du chemin pris par sa fille aimée, et par l'Évêque de Toul. Cependant Alix et ses amies se renforcent dans leur décision et le petit groupe de jeunes filles se déplace de Mattaincourt à Poussay où il ouvre la première école gratuite de Lorraine à l'automne 1598.
« On instruira les filles, pas simplement pour elles-mêmes, mais pour, plus tard, être utiles au public comme mères de famille et maîtresses d'école ».
Alix a une foi exaltée. Avec ses amies, elle multiplie les mortifications dans une vie d'une excessive austérité, malgré Pierre Fourier qui essaie de les tempérer et de modérer leur ascétisme. C'est le curé de Mattaincourt qui a placé d'abord ces jeunes filles à l'abbaye de Poussay où vivent des chanoinesses issues de la noblesse. Parmi celles-ci, les Dames Fresnel et d'Aspremont leur offrent l'une son enseignement et l'autre sa maison. Les jeunes dévotes entraînent dans leur exaltation quelques petites chanoinesses au grand mécontentement de leur Supérieure et de certains ecclésiastiques prudents et méfiants. Elles sèment le trouble dans cette abbaye et risquent le renvoi. En 1599, Pierre Fourier et Mme d'Aspremont, toujours fidèles, retirent Alix et ses compagnes de cet endroit trop tiède et trop douillet pour les installer dans une maison à Mattaincourt. Cette petite communauté devient le noviciat qui va former les nouvelles entrantes. L'une des filles, malgré des pressions de tous ordres, se retire de cette pieuse association. Elle est bientôt remplacée par une autre et la réputation de sainteté du petit groupe attire de nouvelles recrues. Alix est élue Supérieure de ce cénacle et Pierre Fourier lui donne une méthode de vie et une méthode d'instruction.
Des murmures courent le village, selon lesquels c'est l'attachement « trop humain et trop fort » à leur curé qui galvanise les saintes filles et que, s'il était un an sans leur parler, on les verrait adopter une conduite plus raisonnable. Pierre Fourier, prudent, prend cette rumeur à la lettre et les tient à distance pendant le délai prescrit. Cependant, au bout de ce temps de séparation rien n'a changé. La résolution des filles est la même. Leur piété est exemplaire. Elles s'affirment les épouses du Christ. Alix les entraîne dans son exaltation : « Aimons le, lui seul, désirons le, lui seul, pour l'amour de lui-même. Disons lui et d'affection et de cœur : Octroie-moi, Seigneur, que tu sois en moi et moi en toi, et qu'ainsi assemblés, nous puissions toujours demeurer ensemble. Car tu es vraiment mon bien-aimé, choisi entre plusieurs milliers, auquel mon âme a pris plaisir de demeurer et se reposer tous les jours de sa vie ».
Alix a fait, pour elle-même et depuis longtemps, vœu de chasteté.
Bientôt la maison de Mattaincourt devient trop petite et Madame d'Aspremont fait cadeau d'une autre, très riche et magnifique, qu'elle possède à Saint-Mihiel. Elle y emmène, au grand regret de Pierre Fourier, Alix et les trois plus anciennes. En 1602, la généreuse Dame installe ce nouveau groupe et lui donne meubles et blé. La deuxième maison de l'Ordre est née, et c'est sœur Gante qui assume la charge de Supérieure.
En 1603, le Cardinal de Lorraine, Évêque de Metz, mande Alix et une autre sœur pour ouvrir une école à Nancy. Très vite, de proche en proche, les filles d'Alix font de nouvelles érections grâce à l'aide de généreux fondateurs qui leur offrent maisons et rentes.
Alix reste la Mère référente, malgré l'arrivée de jeunes sœurs toujours plus nombreuses et enthousiastes. Tandis que Pierre Fourier met au point les statuts, gère les budgets, donne au nouvel Ordre ses assises, elle est sur le terrain, ouvrant des écoles dans les villes et villages environnants, leur donnant le style et l'impulsion qui les caractérisent. Elle vit les débuts, combien difficiles, de ces maisons qui s'implantent dans la pauvreté, faisant, des privations imposées par l'absence d'argent, une ascèse et un moyen de plaire à son divin époux.
Alix trouve, en rêve, les solutions à toutes les préoccupations qui l'assaillent et interprète ces inspirations nocturnes comme venant de Dieu. Elle est aussi sujette à des visions, elle entend des voix et se pense ainsi en communication directe avec le ciel. Elle a des extases, des ravissements qui la privent de ses sens.
« Elle eut un jour un ravissement si long et si étonnant que ses sœurs, ne pouvant la rappeler à ses sens, crurent à un accident; elles appelèrent son confesseur avec le curé de la Paroisse. Les deux prêtres jugèrent aussitôt ce que c'était. On attendit le réveil de l'amante du Seigneur. »
Elle doit également subir ce qu'elle appelle, dans le récit qu'elle en fait : ses tentations. En 1608, elle est le champ de luttes si graves qu'on doit la faire revenir au noviciat de Mattaincourt pour se revivifier. Elle est « pressée par les imaginations et illusions des flammes infernales de la chair ». Les démons la tourmentent : « Une nuit, se présentèrent à moi quatre diables en formes humaines… Ils me menaçaient de quelque horrible attentat… Ils me voulaient parfois donner de faux évanouissements, me les faisant venir petit à petit, et me les faisant sentir de loin, pour me porter à y donner consentement… Notre Seigneur m'a fait la grâce de ne pas craindre le Diable… Mais je ne trouve rien de plus difficile que les tentations et rebellions de la chair » . En 1612, après huit mois de grands troubles et un an de calme à Mattaincourt, près du bon Père, elle va ouvrir une nouvelle maison à Verdun où son directeur de conscience, le Père Lebrun, l'aide à maîtriser ses démons. Les voyages qu'elle doit entreprendre, en France en 1613, pour l'établissement de quelques-unes de ses sœurs à Châlons-sur-Marne, et en 1615 à Paris avec son amie et assistante la sœur Angélique, ne lui valent rien et déclenchent souvent ses « grandes tentations ».
Cependant Alix, combat, non sans difficulté, les tourments qui l'épuisent grâce à la prière, à sa dévotion à la Vierge, et par des mortifications physiques auxquelles s’associent ses compagnes : « Les six premières années de leur commencement, elles faisaient des austérités et des pénitences qui étaient prodigieuses… Elles portaient continuellement la haire (grossière chemise de poil de chèvre ou de crin) sur des ceintures larges de six pouces, remplies de clous aigus et perçants, qu’elle serrait si rudement sur leur corps, que le sang en découlait le plus souvent de tous côtés, en sorte que, quand elle le voulait changer, il fallait qu'elles la tirassent avec tant de violence qu'elles emportaient la peau. Elles prenaient la discipline (le fouet) trois fois par jour, le plus souvent jusqu'au sang : elles avaient inventé d'autres sortes de pénitences, avec quantité de petites chaînes de fer qu'elles nouaient ensemble en divers endroits et les portaient croisées en deux ou trois tours sur le dos, si serrées que la chair entrait dans les chaînons avec enflure et inflammation; après en avoir souffert de longues et sensibles douleurs, il les fallait arracher de force pour les changer de place, parce qu'elles leur faisaient de grandes et profondes plaies sur le dos et sur les côtes » .
Elle garde pourtant encore la possibilité de vivre de façon normale et d'assumer ses tâches de Supérieure mais « il lui est arrivé fréquemment d'être si transportée et unie a son Dieu, qu'il fallait la réveiller comme d'un profond sommeil… » Selon le témoignage édifiant de la sœur Angélique qui l'accompagne sans cesse et va lui succéder, c'est une belle femme discrète et intelligente, d'humeur égale. Douce, grave et chaleureuse, elle fait l'admiration de son entourage qui voit en elle une sainte. Par contre, les élèves qui témoignent disent qu'elle crie sans cesse contre une certaine sœur Marie. Malgré les troubles violents qui l'agitent dans sa vie intime et qu'elle réussit à cacher à son entourage, du moins pendant un temps, Mère Alix est capable de superviser avec le Primat du lieu la construction du nouveau monastère de Nancy et d'aider Pierre Fourier dans sa rédaction des Constitutions de l'Ordre.
En 1617, le nouveau monastère est prêt dans la capitale de Lorraine, il devient le premier de la congrégation et le noviciat des filles de Notre-Dame s'y transporte. Alix a quitté à contrecœur la maison de Verdun où son Directeur spirituel était capable de la soutenir dans ses « grandes tentations ». Elle redoute Nancy où vit la Cour et où un certain gentilhomme raconte sur elle une histoire infâmante. Las, dès son arrivée dans cette ville, notre sainte est de nouveau tourmentée pendant dix mois entiers. La perspective de s'engager définitivement dans la vie religieuse l'effraie. Alix est décidément bien ambivalente. Cependant, elle se domine et fait profession dans le nouveau monastère, en 1618. Elle prend l'habit monacal et le nom en religion de Sœur Thérèse de L'Enfant Jésus (comme, plus tard, Thérèse Martin, notre contemporaine qui lui ressemble beaucoup psychologiquement). Monseigneur le Primat établit la clôture de la nouvelle maison où, désormais, Alix est enfermée. Elle a 41 ans. Elle est nommée Supérieure du nouveau monastère malgré ses protestations.
En 1620, venue aider à la fondation d'un nouveau couvent à Saint-Nicolas, notre Révérende Mère est agitée d'une violente fièvre et ses tentations reprennent de plus belle. Elle reste trois mois dans cette ville puis retourne à Nancy où ses sœurs la réclament.
Les deux dernières années de sa vie sont les plus terribles car les tentations s'accompagnent maintenant de convulsions. Les mortifications, les austérités, les pénitences qu'elle inflige à son corps, loin de la calmer, redoublent ses tourments qu'elle peut de moins en moins cacher à son entourage. Les affres du démon qui se manifestent dans des grandes crises et contre lesquelles elle lutte avec l'aide de la Vierge, renforcent aux yeux de toutes les sœurs sa réputation de sainteté. Les pieuses filles sont éperdues d'admiration de la voir ainsi habitée des puissances surnaturelles. Ses directeurs spirituels lui attachent une autre religieuse qui l'accompagne partout et ne la quitte jamais, de jour et même de nuit.
Alix a caché, autant que faire se peut, tout au moins au début de sa vie, les violences démoniaques qu'elle subit et qui s'aggravent au fil des ans. Nous sommes peut-être plus au courant de ce qui l'agite que son propre entourage grâce au récit autobiographique qu'elle nous a laissé. Pierre Fourier, qui connaît la valeur de l'écriture, lui a recommandé de transcrire sa vie. Ce qu'elle a fait avec une grande sincérité à partir de l'âge de 35 ans, avec l'aide de sœur Angélique.
Cependant, ce corps si malmené s'affaiblit. Sa santé décline. Elle demande à être relevée de sa charge de Supérieure pour mourir comme une simple religieuse. « Jusqu'à son dernier souffle de vie, elle ne voulut perdre aucune occasion de s'humilier et de s'anéantir ». « Sur la fin de sa maladie, elle souffrit de douleurs atroces; ses convulsions étaient tellement violentes, qu'il semblait qu'on lui disloquât les os : elle souffrait tout avec une patience surhumaine, sans se plaindre, elle paraissait même goûter une joie intérieure inexprimable. Enfin, après une agonie de cinq jours, elle expira en présence de toutes ses sœurs réunies, en poussant trois petits soupirs, et en prononçant les doux noms de Jésus et de Marie. En l'habillant pour la mettre au cercueil, on trouva des marques évidentes de ses rigoureuses austérités et de ses pénitences extrêmes par les cicatrices de ses pieuses blessures qui paraissaient si prodigieuses et en si grande quantité que « le tout n'en faisait qu'une » dit la Mère Angélique ».
Le dimanche 9 janvier 1622, Alix meurt à 46 ans.
Sa dépouille fut exposée en face des grilles du cloître, et les gardes qu'avait placés l'Évêque de Toul pour protéger le cercueil de la dévotion populaire furent débordés par la foule. Le duc de Lorraine Henri II, le duc Charles héritier de la couronne, les princes et les princesses, une grande partie de la noblesse vinrent lui rendre, avec le peuple, un dernier hommage. Chacun voulait toucher le corps et emporter une relique. « On eut mille peines d'empêcher que les gens ne missent ses habits en pièces ». Tous ses objets personnels furent distribués en trois jours. Le 21 février 1899, le Pape Léon XIII proclamait Alix Le Clerc Vénérable. Le décret de béatification fut promulgué le 4 mai 1947 par le Pape Pie XII, et les cérémonies se déroulèrent le 4 mai de cette même année. L'Église ne l'a pas encore canonisé.

Voir aussi « Prier avec la Bienheureuse Alix Le Clerc »