Voici la Prière « Évitez toute commande qui entraînerait la violation du saint Jour du Dimanche » et les recommandations pour employer ce Jour du Dimanche au service de Dieu de Monseigneur François-Marie-Joseph Le Courtier (1799-1885), Évêque de Montpellier de 1861 à 1873 puis Archevêque titulaire de Sébaste et Chanoine de Saint-Denis, auteur de l’ouvrage « Le Dimanche au point de vue social ».
La Prière de M. l’abbé Le Courtier « Évitez toute commande qui entraînerait la violation du saint Jour du Dimanche » :
« Ô vous donc que le Seigneur n'a pas condamnés à de rudes et continuels travaux, comprenez vos devoirs. C’est à vous non seulement de garder le Dimanche par rapport à Dieu, mais encore de veiller à Sa garde par rapport à vos frères. C'est à vous de Le faire respecter par ceux que votre fortune emploie à divers ouvrages. Évitez toute commande qui entraînerait la violation du saint Jour ; sachez plus que les autres vous priver, gêner votre liberté, pour donner un plus grand exemple ; prévoir d'avance ce qui pourrait blesser, même en peu de chose, la délicatesse du précepte, et ne cherchez pas à éluder la Loi par mille inventions indignes de vous ».
Dieu, sans nul doute, a béni tous les jours qui sont sortis de Sa main créatrice, mais sa Bénédiction n'a pas été la même pour tous : Il a béni les uns pour nous les donner, et les autres pour les réserver en Son honneur. Sans doute aussi tous nos jours doivent être sanctifiés ; le partage n'est pas tel, que Dieu n'ait rien à exiger de nous qu'après six jours révolus ; nous devons chaque jour nous élever à Lui et Le servir par nos travaux, par nos occupations, par nos sollicitudes : mais au septième Jour nous devons nous élever jusqu'à Dieu par tout notre cœur libre de tout soin, et par une vie employée uniquement à Son service. Répétons-le donc, pour ne l'oublier jamais : six jours de travaux fécondés par une fidélité journalière et constante, et un septième Jour de repos, béni et sanctifié par les pieux exercices de la religion, voilà l'ordre essentiel, primitif, invariable. Hors de là il n'y a que désordre et confusion : désordre, si le Jour de Dieu est profané par un travail maudit, et si l'on retranche sur les jours de l'homme pour un repos plein de sensualité et de mollesse ; confusion, si la semaine se passe dans une vie inutile pour le travail et pour le bien, et si le Jour de Dieu n'est qu'un repos plein de fatigue et d'ennui, qui nous arrache forcément à l'oisiveté, pour vaquer à quelques actes superficiels de religion.
Comment faut-il sanctifier le Dimanche et les Fêtes d'obligation ?
La réponse nous en est donnée par l'Église Elle-même, dans la simplicité de Son langage : « en servant Dieu dévotement ». En servant Dieu : ce peu de mots excluent les œuvres serviles qui pourraient entraver le divin Service, les affaires qui pourraient dissiper l'esprit et le cœur, les détourner des profonds hommages auxquels ce Jour est consacré ; dévotement, ce mot exprime l'abnégation religieuse que l'homme doit faire de soi-même dans un Jour qui ne lui appartient pas, et que Dieu s'est réservé d'une manière si solennelle. Le précepte de la sanctification du Dimanche défend donc, d'une part, de s'appliquer aux œuvres serviles, et de l'autre, il prescrit de s'appliquer aux œuvres de religion, et d'employer ce Jour au service de Dieu.
1- S’abstenir des œuvres serviles :
La prohibition des œuvres serviles dans les Jours consacrés au Seigneur a toujours été considérée, dans l'ancienne comme dans la nouvelle Loi, comme le premier objet du précepte de la sanctification du Dimanche. Ce repos extérieur commandé à l'homme est le moyen efficace d'élever son esprit et son cœur jusqu'aux Choses de Dieu ; c'est le moyen nécessaire pour qu'il ait la liberté de vaquer à la prière. La défense a été plus ou moins sévère et rigoureuse dans son application, selon les besoins et le caractère des peuples ; et ces différences ne doivent point étonner. Les œuvres serviles n'ont rien de mal en elles-mêmes, puisqu'on s'y livre sans la moindre faute dans les jours de la semaine ; leur défense n'est qu'une preuve de notre sujétion, de notre dépendance et du souverain domaine de Dieu sur nous. Sans entrer ici dans de nombreux détails, nous nous bornerons à dire que le précepte de l'Église défend formellement les travaux de la terre, l'exercice de toutes les professions mécaniques, les ouvrages à l'aiguille, les ventes et les achats. Cette défense oblige sous peine de péché grave, à moins que quelques-unes de ces œuvres ne soient indispensables pour les premiers besoins de la vie, l'urgence des voyages, le soin des malades, ou l'accomplissement d'un devoir de charité pressant. Les œuvres libérales et communes, permises au jour du repos de Dieu, ne le sont néanmoins qu'à condition qu'elles ne détournent en aucune manière de l'assistance obligatoire au Saint Sacrifice de la Messe, et qu'elles n'emploieront pas la majeure partie de ce saint Jour. Cette prohibition des œuvres serviles atteint tous les serviteurs de Dieu, sans exception, et elle exige peut-être encore plus de ceux que les bienfaits de la Providence environnent de toutes parts.
2- Employer le Jour du Dimanche au service de Dieu :
Il y a obligation essentielle non seulement de respecter le Dimanche par la cessation des travaux défendus, mais encore de Le sanctifier par des œuvres de religion qui soient spécialement l'hommage de notre esprit et de notre cœur. Parmi ces œuvres il en est une rigoureusement prescrite, sous peine de péché très grave : c'est l'assistance au Saint Sacrifice de la Messe. Rien ne peut en dispenser, si ce n'est l'impossibilité physique ou morale, un devoir positif de charité, ou l'obligation stricte de rester à son poste ; encore doit-on craindre sur ce point de se faire une facile et dangereuse illusion. Ce serait aussi une erreur grave de croire que la sanctification du Jour du Seigneur se borne à l'accomplissement rigoureux du précepte obligatoire d'entendre la Sainte Messe. Il faut qu'une partie notable de la journée soit employée au service de Dieu ; et si le choix des œuvres est laissé à la piété des fidèles, l'Église recommande solennellement d'entendre la Parole de Dieu, et d'assister aux Offices de l'après-midi. Elle nous rappelle qu'il faut garder ce Jour, et qu'il appartient à Dieu tout entier ».
Ainsi soit-il.
Monseigneur François-Marie-Joseph Le Courtier (1799-1885)