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« Amoris Laetitia » pour les Séparés-Divorcés-Fidèles

Séparés, Divorcés, Fidèles > Enseignements pour les Séparés-Divorcés Fidèles

Comment des personnes séparées ou divorcées, fidèles à leur Sacrement de Mariage, ont accueillis « Amoris Laetitia » ? Quelle évolution depuis « Familiaris Consortio » de Saint Jean-Paul II ? Quels passages ont troublés les Séparés-Fidèles dans Amoris Laetitia ? Quelles sont leurs réserves ?



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Voici les réponses et les éléments à propos d’« Amoris Laetitia » donnés au Saint Père, notre Pape François, lors d’une entrevue avec la Communion Notre-Dame de l’Alliance le mardi 30 janvier 2018 en la Chapelle Sainte Marthe au Vatican. Ces mêmes éléments ont été communiqués respectivement en entretien au Vatican avec son Éminence le Cardinal Farrell, Préfet du nouveau Dicastère pour les Familles, les Laïcs et la Vie, avec son Éminence le Cardinal Robert Sarah, Préfet de la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements et avec Mgr Ladaria, Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

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La réception d’« Amoris Laetitia » par les Séparés-Divorcés Fidèles

Introduction

En préambule, la Communion Notre-Dame de l’Alliance pense utile de rappeler qu’elle rassemble des personnes mariées mais blessées par la séparation, et qui ont choisi de rester fidèles.
A la publication d’Amoris Laetitia, la première réaction de beaucoup d’entre eux – dont le conjoint vit souvent avec une autre personne – a été l’inquiétude et l’incompréhension qu’au nom de la Miséricorde, on ouvre l’Absolution et l’Eucharistie aux divorcés civilement remariés.
Leurs Conseillers Spirituels ont été rassurants : « le Pape ne peut contredire ce que ses prédécesseurs ont dit dans le passé » et « il est possible de lire Amoris Laetitia dans la continuité du Magistère »
Il a fallu dès lors prendre du temps et de la distance par rapport aux « bruits ambiants » et aux inquiétudes, pour ensuite reprendre la lecture d’« Amoris Laetitia » avec un cœur confiant et l’accueillir pour ce qu’elle est : la proclamation de la beauté du Mariage et de la Famille, et la prise en compte de toutes les situations pour amener les personnes au Christ Sauveur.


L’analyse

Afin d’objectiver la réception par le mouvement de la Communion Notre-Dame de l’Alliance, ils ont choisi une grille de lecture fondée sur la définition et la mission de leur mouvement. Celles-ci sont décrites dans les articles 3 et 4 des statuts canoniques :

Article 3 : La Communion Notre-Dame de l’Alliance s’adresse aux fidèles mariés, hommes ou femmes, séparés de fait, civilement divorcés ou non, qui croient à l’indissolubilité du Mariage sacramentel et puisent dans la réalité permanente de ce Sacrement la grâce de vivre le pardon et la fidélité à leur conjoint.

Article 4 : Sur ce chemin spirituel, la Communion Notre-Dame de l’Alliance a pour but :
- d’aider ses membres, grâce au soutien fraternel, à approfondir leur vie chrétienne et à la vivre toujours plus parfaitement
- de promouvoir la doctrine chrétienne du Mariage quant à l’indissolubilité et la fidélité

Par ailleurs, il a semblé utile à la Communion Notre-Dame de l’Alliance de mettre en perspective « Amoris Laetitia » par rapport à « Familiaris Consortio » qui traite du même thème.

Voici donc les 3 questions que la Communion Notre-Dame de l’Alliance se pose :

● Est-ce que « Amoris Laetitia » promeut la doctrine chrétienne du Mariage quant à l’indissolubilité et la fidélité ? Quelle évolution depuis « Familiaris Consortio »  ?

● Est-ce qu’Amoris Laetitia encourage les époux séparés à rester fidèles et incite les Pasteurs et les croyants à les soutenir ? Quelle évolution depuis Familiaris Consortio ?

● Dans la situation des séparés fidèles, quels passages les ont troublés dans Amoris Laetitia ?

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Première question : Est-ce que « Amoris Laetitia » promeut la doctrine chrétienne du Mariage quant à l’indissolubilité et la fidélité ? Quelle évolution depuis « Familiaris Consortio » ?

La réponse est clairement « OUI ». Tout « Amoris Laetitia » est une ode au Mariage indissoluble, et tous les chapitres y concourent. L’importance accordée à la « Grâce » du Sacrement de Mariage, évoquée maintes fois, leur parle au cœur. Oui, les époux séparés-fidèles puisent dans cette Grâce, pour tenir sur ce chemin de fidélité au conjoint absent.

Parmi tous les articles, les personnes séparées ou divorcées fidèles ont été touchés particulièrement par :

Amoris Laetitia 62 (…) Jésus « se référant au dessein initial sur le couple humain, réaffirme l’union indissoluble entre l’homme et la femme, (…) L’indissolubilité du Mariage (…) ne doit pas avant tout être comprise comme un « joug » imposé aux hommes mais bien plutôt comme un « don » fait aux personnes unies par le Mariage.

Amoris Laetitia 77 (...) le bien des époux (bonum conjugum) qui inclut l’unité, l’ouverture à la vie, la fidélité et l’indissolubilité, (...)

Amoris Laetitia 123 (…) Mais le Mariage ajoute à tout cela une exclusivité indissoluble - qui s’exprime dans le projet stable de partager et de construire ensemble toute l’existence. (…) L’union qui se cristallise dans la promesse matrimoniale pour toujours est plus qu’une formalité (…) c’est une Alliance devant Dieu qui réclame fidélité (…)

Amoris Laetitia 124 (…) Mais promettre un amour qui soit pour toujours est possible quand on découvre un dessein plus grand que ses propres projets. (…) Que cet amour puisse traverser toutes les épreuves et se maintenir fidèle envers et contre tout suppose le don de la Grâce (…)

Amoris Laetitia 163 En revanche, oui, nous pouvons avoir un projet commun stable, nous engager à nous aimer et à vivre unis jusqu’à ce que la mort nous sépare, (...)

Amoris Laetitia 214 (…) le poids théologique et spirituel du consentement, qui éclaire le sens de tous les gestes postérieurs. Il faut souligner que ces paroles ne peuvent pas être réduites au présent ; elles impliquent une totalité qui inclut l’avenir : « jusqu’à ce que la mort les sépare ».

Amoris Laetitia 215 (…) le Sacrement n’est pas seulement un moment qui par la suite relève du passé et des souvenirs, car Il exerce Son influence sur toute la vie matrimoniale, d’une manière permanente.

Amoris Laetitia 246 Le divorce est un mal (…). Voilà pourquoi, sans doute, notre tâche pastorale la plus importante envers les familles est-elle de renforcer l’amour et d’aider à guérir les blessures, en sorte que nous puissions prévenir la progression de ce drame de notre époque.
Les séparés fidèles ont aussi remarqué que dans presque chaque cas qui parle de fidélité et d’indissolubilité, il est mentionné la grande exigence de la fidélité.

Plus largement, de nombreux passages d’Amoris Laetitia indiquent comment vivre concrètement pour que l’amour grandisse, en soulignant bien les obstacles à cette croissance. C’est particulièrement le cas des articles 89 à 119, au chapitre 5, qui traitent de l’Amour dans le Mariage, et offrent à tous les époux une belle pédagogie de la vie conjugale. Ces points précis permettent aussi aux personnes séparées ou divorcées de relire leur histoire, et de cheminer de manière concrète dans la croissance de l’amour pour leur conjoint, pourtant absent, jusqu’à vivre vraiment le pardon.

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Deuxième question : Est-ce qu’Amoris Laetitia encourage les époux séparés à rester fidèles et incite les Pasteurs et les croyants à les soutenir ? Quelle évolution depuis Familiaris Consortio ?

Les personnes séparées ou divorcées fidèles reçoivent avec gratitude la sollicitude de l’Eglise envers les « arbres qui se sont desséchés et qui ont besoin de ne pas être négligés » , exprimée dans Amoris Laetitia 76. Il y est clairement indiqué, concernant le Sacrement de Mariage, « que, partageant le Don du Christ dans le Sacrement, ils doivent être patiemment conduits plus loin, jusqu’à une conscience plus riche et à une intégration plus pleine de ce mystère dans leur vie » .

Pour les séparés ou divorcés voulant demeurer fidèle à leur Sacrement de Mariage, le texte d’Amoris Laetitia, en de très nombreux passages, les aide à vivre cette fidélité du Mariage sacramentel en leur en faisant mesurer de plus en plus profondément la grandeur, avec la Grâce de Dieu.
Ils sont également sensibles au regard réaliste et miséricordieux porté sur le « Chemin de souffrance et de sang » (Amoris Laetitia 19 & 20) que peut devenir la vie conjugale. Amoris Laetitia 79 rappelle la nécessité « d’être attentif à la façon dont les personnes vivent et souffrent à cause de leur condition » , et Amoris Laetitia 234 introduit « l’approche des crises matrimoniales avec un regard qui n’ignore pas leur charge de douleur et d’angoisse » .

Eux qui connaissent la souffrance à travers la séparation ou le divorce, sont reconnaissants envers l’Eglise pour la sollicitude qu’Elle leur témoigne ainsi.

Ils reçoivent également avec gratitude les propos du paragraphe Amoris Laetitia 242 qui fait mention de leur situation, et met en évidence le lien avec le Sacrement de l’Eucharistie. L’Eucharistie - et donc la Confession - sont des Sacrements qui ont pris une grande importance dans leur vie, les aidant à nourrir leur Sacrement de Mariage (cf. Amoris Laetitia 38). Dans chacun de ces Sacrements, ils rencontrent le Christ.

Les personnes séparées ou divorcées fidèles au Sacrement de Mariage de la Communion Notre-Dame de l’Alliance émettent toutefois deux réserves importantes sur ce paragraphe 242 :

● Comment interpréter l’usage d’un vocabulaire du monde dans un document d’Eglise ? Ils trouvent la désignation de « divorcées non remariées » pauvre et même en contradiction avec la foi chrétienne. Ce qui fait leur identité, c’est le Mariage, et non pas le divorce civil. Si la séparation est reconnue par l’Eglise, ils n’en sont pas moins mariés pour autant. Et quand on a choisi de rester fidèle à son conjoint, le qualificatif « non remarié » est un triste appauvrissement. Ne pas se remarier est un non choix. Rester fidèle est au contraire la confirmation de la Promesse faite un jour, pour toujours. Ils préfèrent donc le terme « séparé fidèle » à « divorcé non remarié » et estiment indispensable l’adjectif « civil » lorsque l’on parle de divorce ou remariage. L’utilisation d’un vocabulaire précis leur semble importante.

● Ils déplorent également qu’Amoris Laetitia soit moins explicite que Familiaris Consortio 20 dans ses encouragements envers les séparés, à rester fidèles. Il est important que l’Eglise soutienne les personnes en ce sens. En parallèle avec les longs développements autour des situations complexes dans Amoris Laetitia, ils auraient souhaité qu’autant d’énergie soit déployée pour montrer que la fidélité est un chemin de bonheur. C’est pourquoi la Communion Notre-Dame de l’Alliance se met au service de l’Eglise pour aider les personnes séparées à répondre à l’appel du Christ à la fidélité. En effet, cet appel est adressé à toutes les personnes mariées (et pas seulement à une supposée « élite », car c’est le Christ qui donne la force d’être fidèle).

Amoris Laetitia 242 : En même temps, « les personnes divorcées mais non remariées, qui sont souvent des témoins de la fidélité conjugale, doivent être encouragées à trouver dans l’Eucharistie la nourriture qui les soutienne dans leur état. La communauté locale et les Pasteurs doivent accompagner ces personnes avec sollicitude, surtout quand il y a des enfants ou qu’elles se trouvent dans de graves conditions de pauvreté »

Familiaris Consortio 20 : Et il faut aussi reconnaître le prix du témoignage des époux abandonnés par leur conjoint qui, grâce à leur foi et à leur espérance chrétienne, n'ont pas contracté une nouvelle union : ils rendent ainsi un authentique témoignage de fidélité dont le monde d'aujourd'hui a tant besoin. C'est pourquoi les Pasteurs et les fidèles de l'Eglise doivent les encourager et les aider à persévérer dans ce sens.

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Troisième question : Dans la situation de séparés fidèles, quels passages les ont troublés dans « Amoris Laetitia » ?

Sur le chapitre 8, ils ne peuvent que se réjouir de l’accueil et de l’attention portés à toute situation. Mais n’oublions pas que derrière un couple « divorcé et remarié civilement », il y a souvent une ou deux personnes seules. Ils attendent de l’Eglise qu’Elle mette autant de créativité à encourager les personnes séparées à rester fidèles qu’à intégrer les personnes divorcées remariées civilement.

En 298, il est fait mention d’une « fidélité prouvée » , dans le cas d’un couple remarié civilement après un divorce. Ce terme ayant une signification profonde et univoque, ils auraient préféré, pour éviter toute confusion, parler d’un « attachement manifeste ».

En 300, nous lisons : Une réflexion sincère peut renforcer la confiance en la Miséricorde de Dieu, qui n’est refusée à personne. La Miséricorde telle qu’ils l’expérimentent, consiste en l’enseignement du Christ qui les invite à rester fidèles – à Lui d’abord, à eux-mêmes ensuite, à leur conjoint enfin – et donc à aimer jusqu’au bout. Sa Miséricorde consiste à leur montrer leur péché afin qu’ils puissent être pardonnés, pour qu’à leur tour ils soient capables de pardonner. Lui qui met la barre si haut, tant Il les en estime dignes, leur montre sa Miséricorde en venant les chercher là où ils sont et tels qu’ils sont, sans jamais désespérer d’eux.
Plus que dans la sincérité, la réflexion doit être menée dans la Vérité. Pour y contribuer, les Prêtres ne devraient être ni laxistes ni bourreaux dans les confessionnaux, car de tels comportements risquent de masquer le beau chemin de la fidélité à des personnes déjà fragilisées par la séparation.

Amoris Laetitia 301-302 parle de circonstances atténuantes et d’une responsabilité diminuée à propos des personnes divorcées et remariées civilement. Ceci est vrai de toute situation de péché. Et les séparés fidèles comprennent bien comment cette référence aux circonstances atténuantes peut les aider à porter un regard miséricordieux sur leur conjoint.
En même temps, comment éviter le risque que ces circonstances atténuantes ou cette responsabilité diminuée ne relativisent la beauté de l’exigence de la fidélité ?
En ce qui les concerne, en tant que séparés fidèles, ils cherchent surtout à discerner quelle est leur part de responsabilité dans la séparation, afin de faire la Vérité, de pouvoir humblement demander pardon à Dieu, à leurs enfants et à leur conjoint, et aussi de pouvoir pardonner à leur conjoint.

305 et la note de bas de page 351 :
Cet article qui mentionne : « avec l’aide de l’Eglise » et complété dans la note par « l’Eucharistie n’est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles » .
Il existe une belle proposition dans l’Eglise qu’Amoris Laetitia n’a pas évoquée. Le mouvement « Miséricorde et Vérité » accompagne les personnes divorcées et remariées civilement. Ces personnes, après un cheminement plus ou moins long, s’avancent lors de la Communion Eucharistique, avec beaucoup d’humilité, les bras croisés, pour recevoir une Bénédiction tout en s’abstenant de la Communion Eucharistique. Cette démarche éminemment profonde est une Grâce du Sacrement de Mariage toujours vivant et un témoignage impressionnant d’une vie de plus en plus ancrée dans le Christ pour ces personnes mariées religieusement et remariées civilement. Les Séparés Fidèles sont très proches spirituellement de ces personnes et participent à leur souffrance de se reconnaître pécheurs vis-à-vis de l’engagement pris lors du Sacrement de Mariage, sans pouvoir recevoir l’Absolution et sans communier au Corps du Christ.


Amoris Laetitia 298 : Une chose est une seconde union consolidée dans le temps, avec de nouveaux enfants, avec une fidélité prouvée (…) Il y a aussi le cas de ceux qui ont consenti d’importants efforts pour sauver le premier Mariage et ont subi un abandon injuste (…) Les Pères synodaux ont affirmé que le discernement des Pasteurs doit toujours se faire « en distinguant attentivement » les situations, d’un « regard différencié ». Nous savons qu’il n’existe pas de « recettes simples ».

Amoris Laetitia 300 : Si l’on tient compte de l’innombrable diversité des situations concrètes, comme celles mentionnées auparavant, on peut comprendre qu’on ne devait pas attendre du Synode ou de cette Exhortation une nouvelle législation générale du genre canonique, applicable à tous les cas. Il faut seulement un nouvel encouragement au discernement responsable personnel et pastoral des cas particuliers, qui devrait reconnaître que, étant donné que « le degré de responsabilité n’est pas le même dans tous les cas », les conséquences ou les effets d’une norme ne doivent pas nécessairement être toujours les mêmes. Les Prêtres ont la mission « d’accompagner les personnes intéressées sur la voie du discernement selon l’enseignement de l’Église et les orientations de l’Évêque. Dans ce processus, il sera utile de faire un examen de conscience, grâce à des moments de réflexion et de repentir. (…) Une réflexion sincère peut renforcer la confiance en la Miséricorde de Dieu, qui n’est refusée à personne ». Il s’agit d’un itinéraire d’accompagnement et de discernement qui « oriente ces fidèles à la prise de conscience de leur situation devant Dieu. Le colloque avec le Prêtre, dans le for interne, concourt à la formation d’un jugement correct sur ce qui entrave la possibilité d’une participation plus entière à la vie de l’Église et sur les étapes à accomplir pour la favoriser et la faire grandir. Étant donné que, dans la Loi elle-même, il n’y a pas de gradualité (cf. Familiaris Consortio , n. 34), ce discernement ne pourra jamais s’exonérer des exigences de vérité et de charité de l’Évangile proposées par l’Église.

Amoris Laetitia 305 : . Par conséquent, un Pasteur ne peut se sentir satisfait en appliquant seulement les lois morales à ceux qui vivent des situations « ‘irrégulières », comme si elles étaient des pierres qui sont lancées à la vie des personnes. C’est le cas des cœurs fermés, qui se cachent ordinairement derrière les enseignements de l’Église « pour s’asseoir sur la cathèdre de Moïse et juger, quelquefois avec supériorité et superficialité, les cas difficiles et les familles blessées ». Dans cette même ligne, s’est exprimée la Commission Théologique Internationale : « La loi naturelle ne saurait donc être présentée comme un ensemble déjà constitué de règles qui s’imposent a priori au sujet moral, mais elle est une source d’inspiration objective pour sa démarche, éminemment personnelle, de prise de décision ». À cause des conditionnements ou des facteurs atténuants, il est possible que, dans une situation objective de péché – qui n’est pas subjectivement imputable ou qui ne l’est pas pleinement – l’on puisse vivre dans la Grâce de Dieu, qu’on puisse aimer, et qu’on puisse également grandir dans la vie de la grâce et dans la charité, en recevant à cet effet l’aide de l’Église.

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Les attentes des séparés fidèles :
Aucun mouvement de « Séparés Fidèles » n’a été invité au Synode. Cela vient peut-être du fait « qu’ils ne posent pas de problème ». Dans cette hypothèse, la petite plante qu’ils sont, restera petite. Mais il suffirait que le Jardinier la remarque et la soigne avec amour, pour qu’elle donne de nombreuses fleurs.

Amoris Laetitia 297 parle d’intégrer tout le monde, mais en faisant uniquement référence aux situations complexes, qui donc ne seraient pas toujours intégrées. Elles ne sont pas les seules dans ce cas. Certains Évêques et certaines Pastorales Familiales Diocésaines ont tenu à l’écart les personnes mariées séparées ou divorcées qui restent fidèles à leur Sacrement de Mariage, sous prétexte qu’ils mettent mal à l’aise, voire même qu’ils jugeraient les personnes qui font un autre choix. Comment comprendre cette attitude ? Les Séparés Fidèles ne demandent pas de privilège, bien au contraire. Mais une place dans l’Eglise, et notamment dans les Pastorales Familiales Diocésaines, leur semble juste. Ceci permettrait simplement aux personnes séparées d’entendre parler d’une fidélité possible et de trouver un soutien. Ils invitent les Évêques et Pastorales concernées à essayer de comprendre réellement ce que vivent les personnes mariées séparées ou divorcées qui restent fidèles à leur Sacrement de Mariage et à mettre tout préjugé de côté.

Amoris Laetitia 301-302 aborde la question de la responsabilité des personnes.
En matière de responsabilité, on parle peu de celle de l’Eglise et des Pasteurs, qui ont peut-être trop légèrement marié des fiancés sans avoir vérifié si ceux-ci avaient pris la mesure de leur engagement, ou même en sachant qu’ils « allaient dans le mur ». Un Pasteur avec l’équipe de Préparation au Mariage peut, par exemple, suggérer à tel couple de fiancés qu’il n’est pas encore prêt, ou à tel autre que la durée de préparation au Mariage ne peut être rabotée sous prétexte que la salle de réception est réservée. Inscrire une note dans le dossier exprimant dans le chef du Prêtre un doute sur l’union, et pouvant servir à l’avenir en cas de procès en nullité, nous semble inconvenant.
Par ailleurs, les personnes mariées séparées ou divorcées qui restent fidèles à leur Sacrement de Mariage constatent que, encore à l’heure actuelle, alors que le fléau du divorce dévaste les familles, les homélies abordent bien rarement ce sujet difficile de l’adultère, et de la structure de péché dont il procède, ce qui favorise la confusion, arme préférée du tentateur.

Les Séparés-Fidèles ont noté que le mot d’adultère n’est pas mentionné dans Amoris Laetitia sinon en référence à l’épisode de la femme adultère, alors qu’il est nommé au n.49 de Gaudium et Spes et au n. 12 de Familiaris Consortio : « …l'infidélité est un adultère… » .
L’enjeu est vital puisque le Catéchisme de l’Eglise Catholique au n.1854-1861 qualifie l’adultère de « péché mortel », quand il est commis en toute conscience. La banalisation des relations hors Mariage sacramentel devrait être un véritable motif d’inquiétude en regard de l’exigence que le Christ nous a léguée : « Vous avez appris qu'il a été dit : tu ne commettras point d'adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (Mt 15, 27-28).

« Amoris Laetitia » 37 rappelle à juste titre que « nous sommes appelés à former les consciences, mais non à prétendre nous substituer à elles » . Pour que la prédication soit un acte de miséricorde qui dévoile la vérité et libère ainsi les époux en les aidant à se former une conscience droite, il semble essentiel qu’elle utilise un langage clair, en amour et en vérité.

La Communion Notre-Dame de l’Alliance

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