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Refaire sa vie ou la continuer après un divorce ?

Séparés, Divorcés, Fidèles > Témoignages de Séparé-Divorcé Fidèles

Voici le témoignage d’une femme mariée depuis 20 ans, mère de 3 enfants, qui va demander le divorce après plusieurs infidélités conjugales de son mari et après avoir tenté en vain de reconstruire son couple, va se poser la question alternative « Refaire sa vie ou la continuer après un divorce ? » et va décider de rester fidèle à son Baptême et à son Sacrement de Mariage avec son « conjoint absent » : un chemin d'abandon, de pardon et d'humilité.





Le témoignage d’Alice « Refaire sa vie ou la continuer après un divorce ? » :

«Tout un chemin... À dix-huit ans, je rencontre Geoffroy, mon futur époux. Je sais que c'est lui et pas un autre. C'est avec lui que je veux m'engager pour la vie et avoir des enfants. Je suis encore étudiante en arts décoratifs. J'arrête mes études et deux ans plus tard, nous nous marions civilement et religieusement dans mon pays, en Belgique.

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J'ai tout quitté pour suivre mon époux : mon pays, ma famille, mes amis, mon projet professionnel. Pas facile à vingt ans de tout quitter, mais je ressens tellement la Présence du Seigneur dans notre engagement et notre projet de vie à deux !

Après notre Mariage, nous nous installons en France. Geoffroy travaille dans l'enseignement et il ne veut pas que je travaille. Nous avons le désir de fonder une famille et le Seigneur nous comble avec notre première fille Élisabeth qui arrive un peu plus de neuf mois après notre Mariage. Quel cadeau !

Nous sommes de jeunes parents de vingt et vingt-deux ans, notre responsabilité est grande devant ce petit être. Deux ans plus tard, c'est la naissance d'Aimée et ensuite de Marie. En cinq ans, nous avons fondé notre petite famille et nous sommes des parents heureux. Je suis mère au foyer pendant quatorze ans, et profite pleinement de nos charmantes petites filles, quel bonheur ! Je m'épanouis complètement dans mon rôle de maman.

Mon époux est moins disponible, moins présent à la maison à cause de sa profession et de différentes formations qu'il veut suivre pour progresser. Heureusement, il a les vacances scolaires, moments de vie précieux pour notre famille.

Nous avons le souci de l'éducation de nos enfants et voulons leur transmettre les valeurs de l'Évangile. Engagés dans la paroisse, l'école, les associations et divers mouvements dans l'Église, nous trouvons un certain équilibre de vie, une harmonie, qui fait bien des envieux autour de nous. De temps à autre nous entendons dire : « Quelle belle famille, ils ont tout pour être heureux ! »

Les années passent ...

Quelques mois avant nos dix ans de Mariage, Geoffroy m'avoue avoir été troublé par une autre femme. Je ne le comprends pas, je vois qu'il en souffre mais, avec le temps et par amour, je finis par lui pardonner.

Notre vie continue, nous sommes très centrés sur l'éducation de nos filles et nous avons peu de temps pour notre couple, pas de place pour des moments à deux. J'aurais pourtant aimé passer plus de temps avec Geoffroy, mais lui n'en voit pas trop la nécessité.

Je n'existe qu'à travers lui, je suis une épouse soumise, fidèle et très heureuse dans ma vie. Et puis un jour, après vingt ans de Mariage, je découvre que Geoffroy a une liaison avec une autre femme que je connais. Cette liaison dure depuis plus d'un an, et il ne m'a rien dit. Je me sens trahie et abandonnée, je veux disparaître, je ne veux plus vivre.

Au fil des jours, des semaines, des mois, je vois que, pour mon époux, cette relation est plus qu'une aventure, cette femme prend de plus en plus de place dans sa vie, et moi de moins en moins.

Que dois-je faire ? Que vais-je faire ? Que vais-je devenir ? Je ne me suis quand même pas mariée pour divorcer ? Que va dire notre entourage ?

Autant de questions qui restent sans réponses.

Notre vie de couple s'efface petit à petit, mon époux change, il est complètement ailleurs, tout ce que nous avions construit s'écroule ! Je ne le reconnais même plus dans ses propos et sa façon d'être à mon égard, quelle souffrance !

À l'époque, je suis très jalouse, je lui mène donc la vie dure, je le suis partout en voiture, je contrôle son emploi du temps et ses appels téléphoniques. Je me fais aussi beaucoup de mal en réagissant de la sorte, mais c'est plus fort que moi, c'est insupportable !

Une chose est certaine, il faut que cette situation cesse, je ne sais plus où j'en suis. Nos filles sont très perturbées par l'incertitude qui règne chez nous, mon époux ne prend aucune décision.

Je pense alors à la séparation, au divorce... Mon Dieu ! Jamais je n'aurais imaginé faire autant de mal à nos enfants. Elles n'ont que quatorze, dix-sept et dix-neuf ans.

Avant d'agir, je vérifie que je vais bien auprès de mon médecin, d'un psychiatre, d'un psychologue, de mon accompagnateur spirituel, des amis, de la famille, etc. Il s'avère que je vais bien, que la décision est entre mes mains et que je dois la prendre.

Dernière vérification, je fais une retraite, le prédicateur me dit : « Madame, vous devez divorcer, la vérité vous rendra libre ! »

La seule chose qui me fait encore tenir, ce sont nos trois filles : je veux qu'elles aient une maman solide, sur qui elles puissent compter. Alors de retour à la maison, je contacte un avocat, informe mon époux et nos filles de ma décision : nous allons divorcer.

Rapidement je m'installe dans un appartement, seule, un peu déboussolée mais libérée d'un gros poids.

Je travaille dans l'éducation, le soir et la nuit, ce qui ne me permet pas d'avoir les filles avec moi. Je me retrouve complètement seule. La semaine, je m'investis beaucoup au travail et, le week-end, les filles viennent chez moi ; le dimanche, mon époux vient aussi déjeuner.

Nous avons eu beaucoup de mal à nous séparer. À sa demande, je suis retournée un peu vivre avec mon mari, mais la présence de cette femme dans sa vie m'était insupportable et me détruisait. J'ai également arrêté la procédure de divorce, pour faire une nouvelle tentative de vie commune. Après quelques semaines, je suis retournée dans mon appartement.

Je souffre de solitude, ma famille est loin, ma belle-famille m'ignore et les amis ne se manifestent plus.

Mon milieu est très catholique. Par réaction, je vais voir ailleurs, dans le monde, pour me faire de nouvelles relations et me reconstruire. Quel bonheur ces premiers temps ! Pouvoir gérer ma vie sans contrainte... Je ne pense plus du tout à mon époux, je suis encore jeune, trente-neuf ans, j'ai le désir de vivre, de plaire, de séduire et surtout d'être à nouveau aimée. Je m'égare dans quelques liaisons passagères.

Bien sûr j'ai mis le Seigneur à la porte ! Sans savoir pourquoi, j'ai toujours continué à prier le chapelet, c'est tout ce que je peux encore faire.

Puis notre divorce est prononcé. Moi qui disais à nos filles lorsqu'elles étaient petites de ne pas nous « ramener » à la maison des enfants de parents divorcés ! Et voilà mon nouveau statut : « divorcée ». Mon époux accepte que je garde son nom.

Un mois après, Vincent, un homme jeune, gentil, attentionné, vient vivre chez moi, sans doute l'homme idéal ! Je veux « refaire ma vie » comme on dit, tourner une page. Je vis une passion avec Vincent, mais pouvions-nous parler d'amour ?

Cette vie me convient, je ne suis plus seule, je suis de nouveau aimée, je compte pour quelqu'un. Nous avons notre petit confort matériel, le chien, les loisirs, la caravane, tout va pour le mieux, nous faisons même un projet de mariage ...

Petit à petit, je ressens la souffrance et l'éloignement de nos filles, je pense tous les soirs à mon époux, je pleure, je souffre d'une grande solitude et pourtant Vincent est à mes côtés et me bichonne.

Mais où suis-je ? Où en suis-je ? Bien loin de mes convictions certes. Le Seigneur n'est plus dans ma vie, je ne ressens plus rien, ma vie est vide, installée dans des habitudes, ma vie n'a plus de sens. Mon compagnon fait le vide autour de moi, je perds mes amis, j'ai des ennuis de santé, l'ennui s'installe, je suis triste, je me trouve dans une impasse...

Un soir d'avril, j'entends : « Viens et suis-moi ». Je me bouche les oreilles et à nouveau, j'entends la même voix : « Viens et suis-moi ». Le lendemain, ça recommence, j'entends « Viens et suis-moi » et là, immédiatement, je dis : « Oui, Seigneur, me voici ».

À l'instant même, je suis envahie d'une chaleur, d'une douceur et d'une paix indescriptibles ! J'ai cette certitude : je dois me séparer de Vincent après plus de cinq ans de vie commune et je dois faire vite, le Seigneur me demande de rester fidèle à mon Baptême et à mon Sacrement de Mariage.

Alors, tout va très vite, séparation, réorganisation de vie, déménagement.

Vincent n'a pas compris mon choix et m'a rendu la vie difficile après notre séparation : vengeance, harcèlement, procédure juridique.

Mon « oui » au Seigneur, fut un moment décisif : « Que l'homme ne sépare pas ce que Dieu a uni » (Mc 10, 2-16).

Cela fait trois ans que je vis seule, je n'ai jamais eu peur, je ne manque de rien, je ne connais pas la solitude et j'ai retrouvé nos filles ! Avec du recul, je découvre que le Seigneur a toujours été là, mais je ne le savais pas. Ce chemin était à faire, c'est le mien. Chemin d'abandon, de pardon et d'humilité.

Oui, ce choix est folie dans notre société du plaisir à court terme.

Oui, c'est possible de vivre la fidélité à son Sacrement de Mariage, en l'absence de l'époux.

Oui, l'amour peut se vivre autrement qu'en couple, j'ai découvert l'amour fraternel.

Oui, j'ai retrouvé la joie des Sacrements du Pardon et de l'Eucharistie.

Aujourd'hui, j'ai cinquante ans, et je vois combien le Seigneur a un projet d'amour pour chacun de nous.

N'ayons pas peur de TOUT Lui donner.

« Mon Père, mon Père, je m'abandonne à Toi ... »

Je découvre tout le sens de mon Sacrement de Mariage : aimer jusqu'au bout. Quel paradoxe, mon époux est absent et pourtant tellement présent dans ma vie ! Le Mariage n'est pas un contrat que l'on peut rompre, mais une Alliance, Alliance éternelle avec Dieu, Alliance indissoluble.

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Dernièrement, Élisabeth, notre fille aînée m'envoyait un SMS : « Maman, tu ne peux même pas imaginer les Grâces reçues depuis ton choix de vie ».

Aujourd'hui, je revois très régulièrement mon époux, je le vois comme un frère, je pose un regard de compassion sur lui. Il ne s'est pas remarié, il vit toujours avec cette femme, mais il sait que je reste son épouse dans le Seigneur.

Notre famille est toujours unie, et pourtant éclatée physiquement. Notre vie, nous ne pouvons pas la refaire, mais nous la continuons. Un époux ne se remplace pas, c'est bien le Seigneur qui nous choisit.

Jamais je n'aurais imaginé un jour faire tout ce chemin. C'est dans l'épreuve que j'ai pu grandir et me construire et que j'ai appris à aimer. Enfin je peux aller vers les autres en toute vérité, pour leur transmettre tout l'Amour que j'ai reçu du Seigneur. Avec Lui je suis inébranlable, je ne crains rien. Rendons Grâce au Seigneur pour toutes ces merveilles ! « Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie » (Jn 14, 6).

Ainsi soit-il ! »


Alice - « Refaire sa vie ou la continuer après un divorce ? » - Témoignage du livre « Séparés, Divorcés à cœur ouvert » diffusé sur Radio Maria France le 15 mars 2017

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