Voici la Méditation du Dimanche de la Deuxième Semaine de Carême sur la Transfiguration de Notre-Seigneur « On ne doit passer par Thabor, ô mon âme, que pour monter au Calvaire avec plus de force » du Vénérable Révérend Père Luis de la Puente (1554-1624), Louis du Pont en français, Prêtre Jésuite Espagnol Castillan de Valladolid, théologien et écrivain spirituel auteur de « Méditations ou l'art de Méditer » d’où est extraite cette Méditation de Carême.

La Méditation du Deuxième Dimanche de Carême sur la Transfiguration de Notre-Seigneur « On ne doit passer par Thabor, ô mon âme, que pour monter au Calvaire avec plus de force » du R. P. Louis du Pont :

La Représentation de Jésus-Christ tout éclatant de Gloire dans sa Transfiguration doit être le premier prélude ; et il faut, dans le second, Lui demander la Grâce de notre transfiguration spirituelle (Matthieu 17, 1 ; Marc 9, 1 ; Luc 9, 28)

I. POINT : Considérons premièrement le temps, le lieu, et les témoins de la Transfiguration du Fils de Dieu. Ce fut dans le plus fort de Ses prédications qu’Il voulut se Transfigurer, pour nous animer à porter sa Croix, à quoi Il avait exhorté tout le monde six jours auparavant : nous faisant comprendre, par ce vif échantillon de Sa gloire, quelle est celle qu’Il destine à ceux qui se dévouent à Son service, et qui Le suivent dans la pratique d'une vie mortifiée. Ce glorieux Repos de la Béatitude consommée, figuré par le Sabbat, est la Récompense, ô mon âme, des six jours de travail, qui sont ceux de cette vie. Vous n'attendez pas même, ô mon Dieu, qu'un temps si court soit écoulé, pour dédommager Vos serviteurs des plaisirs du siècle, dont ils se privent pour votre Amour ; Vous leur en faites goûter dès ce monde de plus délicieux et de plus purs, qui leur font sentir la Vérité de ce que Vous avez dit Vous-même, que Votre joug est doux et que Votre fardeau est léger (Matthieu 11, 30). Aurions-nous de la peine à nous engager à la suite d'un Maître si bon, si libéral et si magnifique ? Le lieu où le Sauveur se Transfigura fut une montagne écartée et propre à faire oraison, pour nous faire entendre que ce n'est ni en public ni dans le tumulte et les embarras du monde qu'Il se communique, mais dans la retraite et dans les lieux de prière ; et que ces épanchements de Gloire sont pour les âmes dégagées de la terre, qui tâchent de s'élever à une sublime Perfection, et qui sont comme des montagnes par la haute contemplation des choses divines. C'est pour cela sans doute que, voulant avoir des spectateurs de sa Transfiguration, Il ne choisit que trois de Ses disciples qui étaient des plus fervents, parce que les Faveurs extraordinaires du Ciel ne se donnent pas à tous, et qu'elles sont communément le partage des âmes qui se distinguent par leur ferveur. Ce n'est pas que Dieu garde toujours cette conduite. Comme Il est le Maître de ses Grâces, Il en favorise quelquefois des gens d'une Vertu assez commune, plutôt que d'autres qui sont de grands Saints ; avec lesquels Il en use ainsi par une secrète dispensation de Sa providence, qui leur réserve dans l'autre Vie tout le fruit de leurs bonnes œuvres. Ainsi, quoique Saint André ne fût pas avec Jésus-Christ sur le Thabor, il ne s'ensuit pas qu'il eût moins de ferveur que les trois Disciples favoris. Je ne Vous les demande pas, Seigneur, ces marques éclatantes de Vos bontés, Votre croix me suffit avec Saint André ; et j'aime mieux avoir part à Vos douleurs et à Vos opprobres sur le Calvaire qu'à Vos joies et qu'à Votre gloire sur le Thabor.

II. POINT : Concevons la manière dont le Sauveur se Transfigura. Ce fut en permettant que la Gloire de Son âme, qu’Il avait toujours tenue cachée, éclatât, et se répandît sur Son corps. Elle n'y eut pas plutôt paru, que Son visage devint lumineux comme le soleil, et Ses habits blancs comme la neige. Ce fut l'accomplissement de la Promesse qu'Il avait faite auparavant à Ses Apôtres, quand Il leur dit : Je vous assure que quelques-uns de ceux qui sont ici ne mourront point avant qu'ils n'aient vu le Fils de l'Homme venir (Matthieu 16, 28) dans l'éclat de sa Majesté, et qu'ils n'aient vu le Royaume de Dieu. Ô mon âme, regarde ton Bien-Aimé, beau comme la lune, éclatant comme le soleil, blanc et vermeil, choisi entre mille (Cantique 5, 10). C'est ici surtout qu'Il est le plus beau des enfants des hommes. Réjouis-toi de Sa gloire, admire Sa beauté, aime Ses charmes, et fais-en l'objet de toutes tes complaisances. Rends-Lui de très humbles actions de grâces d'avoir, pour ton amour, privé si longtemps Son corps de l'éclat qui Lui était dû, et de ne Le laisser briller aujourd'hui d'une gloire passagère que pour Le livrer peu de temps après aux opprobres de sa Passion. Dans tous ces changements, Vous êtes toujours le même, ô mon Sauveur ; l’Amour extrême que Vous avez pour moi est le principe constant de ces alternatives de gloire et d'ignominie, de joie et de tristesse. Vous m'attirez, dans l'une et dans l'autre, à la vie crucifiée : dans l'une par le motif des Récompenses ; dans l'autre par la force invincible de vos Exemples. Toute ma gloire consiste à Vous suivre, ô mon Jésus, dans les états humiliants de Votre vie mortelle. Lorsque Vous m'aurez fait l'honneur de m'y mettre, inconnu au monde, abject et méprisé pour Vous, j'y serai aussi content que Saint Pierre sur le Thabor; et, me servant de ses Paroles, je Vous dirai de tout mon cœur : Seigneur, je suis bien ici (Matthieu 17, 4).

III. POINT : Contemplons les Merveilles qui suivirent la Transfiguration du Sauveur. 1º A Ses côtés parurent Moïse et Élie, pleins de majesté, s'entretenant avec Lui, et parlant de l'excès qu’Il devait accomplir dans Jérusalem. Voulons-nous être dignes de participer comme eux à la Gloire du Fils de Dieu ? Aimons à leur exemple le jeûne et l'oraison. Pourquoi parlent-ils de la Passion dans un temps de joie ? C'est que les consolations que Dieu donne à ses Élus ne leur sont données que pour les soutenir dans les tribulations. On ne doit passer par Thabor, ô mon âme, que pour monter au Calvaire avec plus de force. La vue du Thabor doit t'encourager quand tu te trouves sur le Calvaire ; et quand tu jouis des douceurs du Thabor il faut te préparer aux souffrances du Calvaire. 2º Pierre, extasié à ce ravissant spectacle, s'écrie : Seigneur, faisons ici trois tentes : une pour vous, une pour Moïse, et une pour Élie. Quelle sera, ô mon Dieu, la Joie des Bienheureux dans le Ciel, si un seul rayon de Gloire aperçu pour un moment par l'Apôtre l'a pu jeter dans des extases ? Enivré d'une douceur ineffable, il parlait sans savoir ce qu'il disait. Est-ce ne savoir ce qu'on dit, ô mon Jésus, de dire qu'on veut demeurer avec Vous ? Non, ce n'était pas en cela qu'était l'erreur de Votre disciple : mais c'est qu'il voulait établir sa demeure sur le Thabor avant que d'avoir passé avec Vous par les épreuves du Calvaire. 3º A peine les Disciples avaient achevé de parler, qu'une nuée éclatante les couvrit ; et de cette nuée il sortit une Voix qui fit entendre ces Paroles : Voici mon Fils Bien-Aimé, en qui j'ai mis toutes mes complaisances, écoutez-Le. Le Père éternel par ces mots confirme le témoignage qu’Il avait déjà rendu de Jésus à son Baptême : et Il nous apprend que l'adoption des Enfants de Dieu commence ici-bas par le Baptême, et qu'elle a sa consommation dans la Gloire.

PRIÈRE : Je Vous rends grâces, ô Père Céleste, de m'avoir donné pour Maître votre propre Fils ; et, puisque Vous me commandez de L'écouter, accordez-moi, Seigneur, l'esprit d'intelligence, et la docilité nécessaire pour profiter de Ses leçons.

Ainsi soit-il.


R. P. Louis du Pont (1554-1624) – « Nouvel abrégé des Méditations du Père Louis Dupont, ou L'art de méditer réduit dans une pratique aisée », Volume 2, Méditation du Deuxième Dimanche de Carême sur la Transfiguration de Notre-Seigneur, pages 44-48, Chez Poussielgue-Rusand (1862)



Voir également du Révérend Père Luis de La Puente :
- La Prière de Luis de la Puente « Ô Jésus, Toi qui ne maudissais pas ceux qui Te maudissaient »
- La Prière de Louis du Pont « Ô Glorieuse Mère de Dieu, donnez-moi une horreur du péché »
- La Prière sur le Jugement Dernier du R.P. Louis DuPont « Ô Jour Triomphant pour Vous, adorable Sauveur ! »
- La Prière devant le Crucifix du R. P. Louis du Pont « Ô Jésus crucifié, faites que je n’aime rien au monde que Vous et votre Croix »
- La Prière au Mont des Olives du Père Louis du Pont « Ô Jésus, pourquoi Vous plonger dans cet abîme de douleurs ? »
- La Prière sur la Sainte Communion du Vénérable Louis du Pont « Plaise à Dieu que je Vous reçoive toujours dignement »
- La Prière du Vénérable Luis de la Puente « Ô bon Jésus, faites-moi sentir efficacement que Vous êtes mon Sauveur »
- La Prière sur la Providence de Dieu dans nos vies du R. P. Louis du Pont « Ô Seigneur, je m'en remets absolument à Votre aimable Providence »
- La Prière pour ne pas aller en enfer du R. P. Luis de la Puente « Ô Seigneur, je veux Vous louer, Vous bénir, et Vous aimer tous les jours de ma vie »
- La Prière sur la Charité du R. P. Luis de la Puente « Faites que je Vous aime, ô mon Dieu, comme Vous m'aimez »
- La Prière de Contrition du R. P. Luis de la Puente « Ô Jésus, donnez-moi des torrents de larmes pour pleurer mes péchés »
- La Prière d’un humble pécheur du R. P. Luis de la Puente « Ô mon Seigneur, transformez-moi comme le Publicain en un vrai Pénitent agréable à Vos yeux »
- La Prière pour l’Anniversaire de notre Saint Baptême du R. P. Louis du Pont « Seigneur, je ferai toutes les années de ma vie, une Fête solennelle du Jour mille fois heureux de mon Baptême »
- La Prière sur la Guérison d’un Sourd et Muet du R. P. Louis du Pont « Ayez pitié, Seigneur, de cette multitude de sourds et de muets spirituels »
- La Méditation sur la Parabole du Bon Samaritain du R. P. Louis du Pont « De celui qui, ayant été blessé par les voleurs, fut guéri par les Soins d'un Samaritain »
- La Méditation sur la Guérison des Dix Lépreux du R. P. Louis du Pont « Seigneur, je Vous rends Grâce de me guérir de la lèpre du péché dans le Sacrement de Pénitence »
- La Méditation du 1er Dimanche de Carême sur la Tentation de Jésus-Christ dans le désert du R. P. Louis du Pont « Est-ce ainsi que tu résistes au tentateur, ô mon âme ? »
- La Méditation du Deuxième Dimanche de Carême sur la Transfiguration de Notre-Seigneur « On ne doit passer par Thabor, ô mon âme, que pour monter au Calvaire avec plus de force » du R. P. Louis du Pont