Récitons notre Chapelet en méditant « Le Crucifiement de Jésus-Christ », cinquième Mystère Douloureux du Rosaire des mardi et vendredi, avec des textes de Saint Bernard de Clairvaux et la « Catéchèse sur Saint Bernard de Clairvaux » de Benoît XVI.
« Quand il eut pris le vinaigre, Jésus dit : « C'est achevé » et, inclinant la tête, il remit l'esprit. Comme c'était la Préparation, les Juifs, pour éviter que les corps restent sur la croix durant le sabbat - car ce sabbat était un grand jour -, demandèrent à Pilate qu'on leur brisât les jambes et qu'on les enlevât. Les soldats vinrent donc et brisèrent les jambes du premier, puis de l'autre qui avait été crucifié avec lui. Venus à Jésus, quand ils virent qu'il était déjà mort, ils ne lui brisèrent pas les jambes, mais l'un des soldats, de sa lance, lui perça le côté et il sortit aussitôt du sang et de l'eau. » (Jn 19, 30-34)
« En toi, Seigneur, j'ai mon refuge ! » (Ps 31 (30), 2)
Fruit du Mystère : le Pardon des offenses
Textes de méditation sur « Le Crucifiement de Jésus-Christ » de Saint Bernard de Clairvaux :
Seul il a goûté la mort, non par une nécessité qui l'obligeait, mais par le seul bon plaisir et le choix de sa volonté. Et il a souffert sa mort, non pour des amis déjà acquis, mais pour des amis à gagner en les transformant d'ennemis en amis. Car, comme dit l'Apôtre, c'est lorsque nous étions encore ennemis que nous avons été réconciliés avec Dieu par le sang de son Fils. Disons plutôt qu'il est mort pour ceux qui étaient déjà ses amis, car si ceux-ci ne l'aimaient pas encore, lui déjà les aimait !
Non content de livrer son âme à la mort et de porter le péché des multitudes, il va de plus prier pour les transgresseurs de la loi afin qu'ils ne périssent pas.
Mais, diras-tu, qu'est-ce que cette justice où l'innocent doit mourir pour l'impie ? Non, ce n'est pas de la justice, c'est de la miséricorde !
Voilà comment aux misères du corps, répondent les miséricordes du cœur. Celles-ci l'emporteront-elles sur celles-là, ou bien les premières vaincront-elles les secondes ? O Seigneur, que tes antiques miséricordes l'emportent, et que ta sagesse triomphe de leur malice ! L'iniquité de tes bourreaux est grande, mais ta bonté ne l'est-elle pas davantage encore, Seigneur ? Oui, elle l'est, et elle l'est au-delà de toute mesure. Seigneur, qu'est-ce que la fosse que les impies peuvent creuser, comparée aux abîmes de ta mansuétude ?
Ceux qui ont crucifié le Seigneur étaient de grands pécheurs, mais ils étaient faibles en jugement. Maintenant, que sont-ils, sinon des malheureux ? Cependant des malheureux dont il faut avoir pitié. La preuve en est dans la douce supplication de celui qui, souffrant sur la croix ne cessait de compatir et disait : « Père, pardonne-leur ».
II a dit : « Mon Père, pardonne-leur, car ils ne savent pas ce qu'ils font » (Lc 23,34). C'est un mot irrévocable que tu as prononcé là, Seigneur ! Ta parole ne reviendra pas à toi sans avoir produit son effet, mais elle s'accomplira !
J'aperçois le bon larron qui s'accuse, le Christ l'excuse ; et le Seigneur lui fait cette promesse : « Aujourd'hui tu seras avec moi dans le paradis » ! (Lc 23, 43).
« Alors, inclinant la tête, celui qui s'est fait obéissant jusqu'à la mort remit l'Esprit » (Jn 19, 30). Quel homme peut-il s'endormir ainsi à son gré dans les bras de la mort ? Sans doute la mort est la plus grande défaillance, mais vraiment, mourir ainsi, quelle puissance !
Jésus, mon Seigneur a voulu encore qu'on lui perce le côté droit (Jn 19, 34), parce qu'il voulait de ce côté-là épancher sur nous sa grâce, et à sa droite nous préparer un refuge. Puissé-je, telle la colombe, habiter le creux du rocher, dans l'ouverture du côté droit de Jésus-Christ !
Le secret de son cœur apparaît par les ouvertures de son corps !
(Textes extraits des sermons, homélies, lettres et écrits de Saint Bernard de Clairvaux)
1 Pater + 10 Ave + Gloria Patri
La Prière de Saint Bernard de Clairvaux : « SOUVENEZ-VOUS, ô très miséricordieuse Vierge Marie »
Les 5 Mystères Douloureux du Chapelet de Saint Bernard de Clairvaux :
« L’Agonie de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
« La Flagellation de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
« Le Couronnement d'épines de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
« Le Portement de la Croix de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
« Le Crucifiement de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
Saint Bernard de Clairvaux d’après Benoît XVI :
Voici l’Audience Générale du 21 octobre 2009 de Benoît XVI sur Saint Bernard de Clairvaux pour mieux connaitre ce grand Saint, appelé le « dernier des Pères de l'Eglise ».
Chers frères et sœurs,
Aujourd'hui je voudrais parler de Saint Bernard de Clairvaux, appelé le dernier des Pères de l'Eglise, car au XII siècle, il a encore une fois souligné et rendue présente la grande théologie des pères. Nous ne connaissons pas en détail les années de son enfance; nous savons cependant qu'il naquit en 1090 à Fontaines en France, dans une famille nombreuse et assez aisée. Dans son adolescence, il se consacra à l'étude de ce que l'on appelle les arts libéraux - en particulier de la grammaire, de la rhétorique et de la dialectique à l'école des chanoines de l'église de Saint-Vorles, à Châtillon-sur-Seine et il mûrit lentement la décision d'entrer dans la vie religieuse. Vers vingt ans, il entra à Cîteaux, une fondation monastique nouvelle, plus souple par rapport aux anciens et vénérables monastères de l'époque et, dans le même temps, plus rigoureuse dans la pratique des conseils évangéliques. Quelques années plus tard, en 1115, Saint Bernard de Clairvaux fut envoyé par saint Etienne Harding, troisième abbé de Cîteaux, pour fonder le monastère de Clairvaux. C'est là que le jeune abbé (il n'avait que vingt-cinq ans) put affiner sa propre conception de la vie monastique, et s'engager à la traduire dans la pratique. En regardant la discipline des autres monastères, Saint Bernard de Clairvaux rappela avec fermeté la nécessité d'une vie sobre et mesurée, à table comme dans l'habillement et dans les édifices monastiques, recommandant de soutenir et de prendre soin des pauvres. Entre temps, la communauté de Clairvaux devenait toujours plus nombreuse et multipliait ses fondations.
Au cours de ces mêmes années, avant 1130, Saint Bernard de Clairvaux commença une longue correspondance avec de nombreuses personnes, aussi bien importantes que de conditions sociales modestes. Aux multiples Lettres de cette période, il faut ajouter les nombreux Sermons, ainsi que les Sentences et les Traités. C'est toujours à cette époque que remonte la grande amitié de Bernard avec Guillaume, abbé de Saint-Thierry, et avec Guillaume de Champeaux, des figures parmi les plus importantes du XII siècle. A partir de 1130, il commença à s'occuper de nombreuses et graves questions du Saint-Siège et de l'Eglise. C'est pour cette raison qu'il dut sortir toujours plus souvent de son monastère, et parfois hors de France. Saint Bernard de Clairvaux fonda également quelques monastères féminins, et engagea une vive correspondance avec Pierre le Vénérable, abbé de Cluny, dont j'ai parlé mercredi dernier. Il dirigea surtout ses écrits polémiques contre Abélard, le grand penseur qui a lancé une nouvelle manière de faire de la théologie en introduisant en particulier la méthode dialectique philosophique dans la construction de la pensée théologique. Un autre front sur lequel Saint Bernard de Clairvaux a lutté était l'hérésie des Cathares, qui méprisaient la matière et le corps humain, méprisant en conséquence le Créateur. En revanche, il sentit le devoir de prendre la défense des juifs, en condamnant les vagues d'antisémitisme toujours plus diffuses. C'est pour ce dernier aspect de son action apostolique que, quelques dizaines d'années plus tard, Ephraïm, rabbin de Bonn, adressa un vibrant hommage à Saint Bernard de Clairvaux. Au cours de cette même période, le Saint abbé rédigea ses œuvres les plus fameuses, comme les très célèbres « Sermons sur le Cantique des Cantiques ». Au cours des dernières années de sa vie - sa mort survint en 1153 - Saint Bernard de Clairvaux dut limiter les voyages, sans pourtant les interrompre complètement. Il en profita pour revoir définitivement l'ensemble des « Lettres », des « Sermons », et des « Traités ». Un ouvrage assez singulier, qu'il termina précisément en cette période, en 1145, quand un de ses élèves Bernardo Pignatelli, fut élu Pape sous le nom d'Eugène III, mérite d'être mentionné. En cette circonstance, Bernard, en qualité de Père spirituel, écrivit à son fils spirituel le texte « De Consideratione », qui contient un enseignement en vue d'être un bon Pape. Dans ce livre, qui demeure une lecture intéressante pour les Papes de tous les temps, Saint Bernard de Clairvaux n'indique pas seulement comment bien faire le Pape, mais présente également une profonde vision des mystères de l'Eglise et du mystère du Christ, qui se résout, à la fin, dans la contemplation du mystère de Dieu un et trine : « On devrait encore poursuivre la recherche de ce Dieu, qui n'est pas encore assez recherché », écrit le Saint abbé : « mais on peut peut-être mieux le chercher et le trouver plus facilement avec la prière qu'avec la discussion. Nous mettons alors ici un terme au livre, mais non à la recherche », à être en chemin vers Dieu.
Je voudrais à présent m'arrêter sur deux aspects centraux de la riche doctrine de Saint Bernard de Clairvaux : elles concernent Jésus Christ et la Très Sainte Vierge Marie, sa Mère. Sa sollicitude à l'égard de la participation intime et vitale du chrétien à l'amour de Dieu en Jésus Christ n'apporte pas d'orientations nouvelles dans le statut scientifique de la théologie. Mais, de manière plus décidée que jamais, l'abbé de Clairvaux configure le théologien au contemplatif et au mystique. Seul Jésus - insiste Bernard face aux raisonnements dialectiques complexes de son temps - seul Jésus est « miel à la bouche, cantique à l'oreille, joie dans le cœur (mel in ore, in aure melos, in corde iubilum) ». C'est précisément de là que vient le titre, que lui attribue la tradition, de « Doctor mellifluus » : sa louange de Jésus Christ, en effet, « coule comme le miel ». Dans les batailles exténuantes entre nominalistes et réalistes - deux courants philosophiques de l'époque - dans ces batailles, l'Abbé de Clairvaux ne se lasse pas de répéter qu'il n'y a qu'un nom qui compte, celui de Jésus le Nazaréen. « Aride est toute nourriture de l'âme », confesse-t-il, « si elle n'est pas baignée de cette huile; insipide, si elle n'est pas agrémentée de ce sel. Ce que tu écris n'a aucun goût pour moi, si je n'y ai pas lu Jésus ». Et il conclut : « Lorsque tu discutes ou que tu parles, rien n'a de saveur pour moi, si je n'ai pas entendu résonner le nom de Jésus » (Sermones in Cantica Canticorum). En effet, pour Saint Bernard de Clairvaux, la véritable connaissance de Dieu consiste dans l'expérience personnelle et profonde de Jésus Christ et de son amour. Et cela, chers frères et sœurs, vaut pour chaque chrétien : la foi est avant tout une rencontre personnelle, intime avec Jésus, et doit faire l'expérience de sa proximité, de son amitié, de son amour, et ce n'est qu'ainsi que l'on apprend à le connaître toujours plus, à l'aimer et le suivre toujours plus. Que cela puisse advenir pour chacun de nous !
Dans un autre célèbre « Sermon le dimanche entre l'octave de l'Assomption », le Saint Abbé décrit en termes passionnés l'intime participation de Marie au sacrifice rédempteur du Fils. « O sainte Mère, - s'exclame-t-il - vraiment, une épée a transpercé ton âme!... La violence de la douleur a transpercé à tel point ton âme que nous pouvons t'appeler à juste titre plus que martyr, car en toi, la participation à la passion du Fils dépassa de loin dans l'intensité les souffrances physiques du martyre ». Saint Bernard de Clairvaux n'a aucun doute : « Per Mariam ad Iesum », à travers Marie, nous sommes conduits à Jésus. Il atteste avec clarté l'obéissance de Marie à Jésus, selon les fondements de la mariologie traditionnelle. Mais le corps du « Sermon » documente également la place privilégiée de la Vierge dans l'économie de salut, à la suite de la participation très particulière de la Mère (compassio) au sacrifice du Fils. Ce n'est pas par hasard qu'un siècle et demi après la mort de Saint Bernard de Clairvaux, Dante Alighieri, dans le dernier cantique de la Divine Comédie, placera sur les lèvres du « Doctor mellifluus » la sublime prière à Marie : « Vierge Mère, fille de ton Fils, / humble et élevée plus qu'aucune autre créature / terme fixe d'un éternel conseil,... » .
Ces réflexions, caractéristiques d'un amoureux de Jésus et de Marie comme Saint Bernard de Clairvaux, interpellent aujourd'hui encore de façon salutaire non seulement les théologiens, mais tous les croyants. On prétend parfois résoudre les questions fondamentales sur Dieu, sur l'homme et sur le monde à travers les seules forces de la raison. Saint Bernard, au contraire, solidement ancré dans la Bible, et dans les Pères de l'Eglise, nous rappelle que sans une profonde foi en Dieu alimentée par la prière et par la contemplation, par un rapport intime avec le Seigneur, nos réflexions sur les mystères divins risquent de devenir un vain exercice intellectuel, et perdent leur crédibilité. La théologie renvoie à la « science des Saints », à leur intuition des mystères du Dieu vivant, à leur sagesse, don de l'Esprit Saint, qui deviennent un point de référence de la pensée théologique. Avec Bernard de Clairvaux, nous aussi nous devons reconnaître que l'homme cherche mieux et trouve plus facilement Dieu « avec la prière qu'avec la discussion ». A la fin, la figure la plus authentique du théologien et de toute évangélisation demeure celle de l'apôtre Jean, qui a appuyé sa tête sur le cœur du Maître.
Je voudrais conclure ces réflexions sur Saint Bernard de Clairvaux par les invocations à Marie, que nous lisons dans une belle homélie. « Dans les dangers, les difficultés, les incertitudes, pense à Marie, invoque Marie. Qu'elle ne se détache jamais de tes lèvres, qu'elle ne se détache jamais de ton cœur; et afin que tu puisses obtenir l'aide de sa prière, n'oublie jamais l'exemple de sa vie. Si tu la suis, tu ne te tromperas pas de chemin; si tu la pries, tu ne désespéreras pas; si tu penses à elle, tu ne peux pas te tromper. Si elle te soutient, tu ne tombes pas; si elle te protège, tu n'as rien à craindre; si elle te guide, tu ne te fatigues pas; si elle t'est propice, tu arriveras à destination... » (Hom. II super "Missus est").
Benoît XVI
Lire également de Saint Bernard de Clairvaux :
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- La Prière de Saint Bernard pour suivre Jésus partout où Il ira « Ô Chef glorieux, Tu passes le premier à travers l'ouverture étroite de la Passion »
- La Prière de Saint Bernard à la T-S-V-Marie « Ô Souveraine, donne à manger des miettes à Tes pauvres petits chiens que nous sommes »
- La Prière de Saint Bernard de Clairvaux aux Religieux « Vera sunt omnia quae dixisti, Domine Jesu » (Toutes vos Paroles, ô mon Dieu, sont véritables)
- La Prière de Saint Bernard « Nous élevons les yeux vers Vous, ô Reine du monde »
- La Prière de Saint Bernard « Que votre Cœur, ô aimable Jésus, est un riche Trésor ! »
- La Prière du matin de Saint Bernard « Ô Jésus, sois notre Lumière en ce jour »
- La Prière de Saint Bernard « Ô Reine bénie, Vous avez porté, allaité et adoré le Roi du Ciel »
- La Prière de Saint Bernard « Ô notre Médiatrice, recommandez-nous à votre Fils »
Les 5 Mystères Douloureux du Chapelet de Saint Bernard de Clairvaux :
- « L’Agonie de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
- « La Flagellation de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
- « Le Couronnement d'épines de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
- « Le Portement de la Croix de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
- « Le Crucifiement de Jésus-Christ » avec Saint Bernard de Clairvaux
Et aussi :
- Le Mystère Joyeux de l' « Annonciation » avec Saint Bernard de Clairvaux
- Le Mystère Joyeux de la « Nativité » avec Saint Bernard de Clairvaux
Et enfin :
- Le Sermon XXXIV sur l’humilité et la patience de Saint Bernard de Clairvaux « Humble est celui qui tourne l'humiliation en humilité »
- La Méditation de Saint Bernard de Clairvaux sur la Miséricorde de la Très Sainte Vierge Marie « Qui donc pourra de Ta miséricorde, ô Bénie, mesurer la longueur et la largeur, la sublimité et la profondeur ? »
- Le Sermon de Saint Bernard de Clairvaux sur la Nativité de la Vierge « Du plus profond de nos entrailles, vénérons Marie »
- Le Sermon XXXV de Saint Bernard de Clairvaux « Écoutez donc l'Époux, qui condamne clairement et ouvertement dans l'Épouse l’ignorance de soi-même »
- Le troisième Sermon de Saint Bernard pour la Présentation du Seigneur au Temple « Ô Vierge Bienheureuse, présentez au Seigneur le Fruit béni de Votre ventre »