Le « Chemin de la Croix pour les Âmes pieuses et ferventes » de Mgr Louis-Désiré Bataille :
PREMIÈRE STATION : Jésus condamné à mort
Des hommes passionnés et iniques attaquent le Sauveur qui est la justice même. Ils L'accusent de choses auxquelles Il n'a jamais songé. Jésus garde le silence : Jesus autem tacebat ; ou, s'Il répond, c'est avec calme, en peu de mots, sans amertume. Malgré cela, on crie : « Qu'il meure ! » et grâce à la faiblesse de Pilate, Il est condamné sans pitié.
Âmes pieuses, il en est ainsi de vous, devant ce Pilate faible et léger qu'on appelle le monde. Que de gens aussi accusent votre religion et vos saintes pratiques, parce qu'en vérité ils ne les connaissent pas ou qu'ils les connaissent mal ! Comme Jésus au prétoire, opposez le silence à ces injustes accusations ; si vous parlez, que ce soit, à son exemple, avec modération et charité ; priez selon ses préceptes, pour ceux qui vous condamnent ; rendez au besoin le bien pour le mal, et souvenez-vous, avec l'Apôtre, que quand on a Dieu pour soi, le reste doit être compté pour rien : Si Deus pro nobis, quis contra nos ?
DEUXIÈME STATION : Jésus chargé de sa Croix
Le gibet pesant de la Croix est placé sur les épaules ensanglantées du Fils de Dieu. C'est le pénible instrument qu'Il portera jusqu'au Calvaire, et sur lequel Il doit mourir ; mais c'est aussi le trône où Il régnera, et par lequel Il va convertir le monde, après l'avoir sauvé.
Tous ici-bas ont une croix à porter ; la vie est une épreuve. Mais souvent, celle des personnes pieuses est plus lourde, selon l'Imitation, parce que l'amour rend leur exil plus douloureux. Le Sauveur du reste la leur a promise : « Quiconque veut venir après moi, doit prendre sa croix et la porter vaillamment ; celui qui ne porte pas sa croix n'est pas digne de moi » Outre les croix ordinaires, il y a, pour les âmes plus ferventes, le renoncement au luxe, aux passions, aux plaisirs, l'amour propre qu'il faut vaincre, les efforts qu'il faut multiplier, le mépris des mondains qu'il faut subir, la vigilance qu'il faut continuellement garder, la lutte contre soi jusqu'à la mort. Mais ces croix ont aussi leurs consolations ; elles ont leur mérite surtout.
Ô Jésus qui avez porté la Vôtre, enseignez-nous le secret de les bénir comme Vous : Fac me Cruce inebriari !
TROISIÈME STATION : Jésus tombe une première fois
Il a marché sans faiblir durant la première partie de la route, mais bientôt son pied fatigué heurte une pierre ; Jésus chancelle, et Il tombe lourdement sur la voie douloureuse.
Ô mon Dieu, voilà bien ce qui se reproduit souvent, pour ceux qui veulent Vous suivre dans le chemin de la Piété. D'abord, tout va bien. La ferveur sensible et des consolations de tout genre encouragent l'âme fidèle ; mais cette joie intérieure ne peut pas durer toujours, sans cela vos Justes, Seigneur, recevraient ici leur récompense. Peu à peu Vous permettez qu'une pierre aussi les fasse chanceler, et cette pierre c'est la sécheresse, c'est le dégoût, c'est l'aridité dans votre service. Combien qui s'abattent alors, parce qu'ils n'ont plus aucune force, aucun élan vers le bien ! Divin Maître, faites-leur comprendre qu'au lieu de s'attrister, ils doivent espérer et se réjouir ; dites-leur que ces sécheresses sont nécessaires à leur vertu ; rappelez-leur que, loin de Vous être moins agréables, les cœurs ainsi éprouvés ont un titre de plus à votre amour, si, malgré l'ennui, ils ne retranchent rien de leurs exercices ; et faites que ces défaillances ne servent qu'à les affermir dans l'amour du devoir : Impulsus, eversus sum ut caderem, et Dominus suscepit me.
QUATRIÈME STATION : Jésus rencontre sa sainte Mère
Les coups de pied Le frappent, les fouets Le déchirent, les outrages des bourreaux redoublent. L'âme du Sauveur est triste jusqu'à la mort. Il lève le regard ; une femme est devant Lui... c'est Marie, c'est sa Mère ! Elle pleure, elle souffre avec Lui, elle Lui envoie un regard d'encouragement ; Il y puise de nouvelles forces, et Il peut ainsi continuer sa route.
Que le trajet de la vie serait long et pénible aussi pour les Justes, si la présence, le regard et l'amour de la Vierge n'étaient là pour les ranimer ! Tendre et sainte Mère, elle sait combien il en coûte de marcher à la suite de son Fils ; elle n'ignore rien des tristesses qui envahissent les fervents ; et voilà pourquoi elle accourt au premier appel.
Ô frères qui gravissez la montagne et qui tendez à la perfection, quand votre chemin est aussi hérissé d'embûches, quand les tentations, comme des fouets meurtriers, menacent vos meilleures résolutions, regardez donc l'Étoile, invoquez Marie : Respice Stellam, voca Mariam ! Jamais on n'a ouï dire que ceux qui l'ont implorée avec foi, dans ces terribles moments, aient été abandonnés. N'est-elle pas l'espérance de ceux mêmes qui n'en ont plus : Salve, spes desesperatorum !
CINQUIÈME STATION : Simon le Cyrénéen aide Jésus à porter sa Croix
Une crainte s'est emparée des soldats : celle de voir la Victime leur échapper trop tôt. Ils appellent un Cyrénéen qui passe, et le forcent à soulever la Croix qui accable Jésus.
Disciples de mon Dieu, le Cyrénéen pour Vous, sur le chemin de votre calvaire, c'est ce Directeur éclairé, sage, fervent, qui soutient votre volonté et encourage vos efforts ; c'est ce Livre plein d'onction ; c'est l'exemple de ces fidèles généreux qui se sacrifient sous vos yeux, et qui Vous montrent qu'il est possible d'arriver ; c'est cette compagne, cet ami que Vous chérissez, et dont les conseils et les lumières soutiennent si efficacement votre ferveur.
Mais le Cyrénéen, ce doit être Vous aussi pour ceux qui, moins fidèles que Vous, se traînent, s'arrêtent ou s'égarent sur la route du Ciel. Ah ! Par charité, aidez ces pécheurs de tout votre pouvoir ! C'est votre époux peut-être, c'est votre père, votre frère, votre enfant ! Supportez-les avec bonté, montrez que vous les aimez malgré leurs fautes, priez pour eux, mortifiez-vous dans le but de leur obtenir le courage du retour et les mérites de la Persévérance ; il est si doux de sauver des âmes : Da mila animas, cætera tolle tibi !
SIXIÈME STATION : Une Femme pieuse essuie la Face de Jésus
La poussière et la boue souillent le visage du Sauveur. Une femme dévouée méprise les étonnements et les insultes des bourreaux ; elle traverse la foule, essuie la face auguste de Celui qui va mourir pour elle ; en récompense de sa sollicitude, les traits divins restent empreints sur son voile.
Hélas ! Cette poussière et ces souillures, combien d'impies, dans leurs livres, dans leurs journaux et dans leurs discours, ne les jettent-ils pas encore au front du Fils de Dieu ! Les uns traînent sa Divinité à travers tous les blasphèmes ; d'autres abreuvent son Église de plaisanteries ou d'attaques qui la défigurent devant les faibles, et la livrent à la risée des ignorants ; ici, ce sont ses Dogmes qu'on altère ; là, sa Parole qu'on bafoue ; plus loin, son Sacerdoce qu'on calomnie ; ailleurs ses Sacrements qu'on outrage.
Cœurs fidèles qui aimez Dieu, vous ne pouvez point, malgré vos tristesses, le soustraire à ces indignités, Du moins, comme la Véronique, effacez-les par vos bonnes œuvres, par vos sacrifices, par vos prières et par vos larmes, afin que de plus en plus vous imprimiez en vous sa divine ressemblance ; c'est à cette gloire qu'Il vous a prédestinés : Praedestinavit conformes fieri imaginis Filii sui.
SEPTIÈME STATION : Jésus tombe une seconde fois
Malgré l'aide du Cyrénéen, l'humanité du Sauveur se sent fléchir de nouveau ; Il retombe sous le poids de son gibet.
Les âmes qui se sont vouées à la Piété ne tombent pas seulement dans les sécheresses, elles tombent aussi parfois dans le découragement ; c'est la seconde chute qui les peut menacer. Elles veulent la perfection, et elles n'y arrivent pas. En vain elles multiplient leurs oraisons et leurs efforts, en vain elles communient fréquemment, en vain elles redoublent de résolution ; chaque jour amène pour elles une déception de plus. Elles sentent, elles croient sentir du moins, qu'elles ne gagnent rien et n'avancent pas ; elles se disent : « A quoi bon ! » et se laissent abattre, lorsque tout leur demande de réagir vigoureusement. Que de fidèles cette seconde défaillance a perdus sans retour !
Ô Justes, c'est un piège du Démon, prenez garde ! Songez que Dieu ne vous demande pas le succès, mais la bonne volonté. Ce peu de progrès apparent est une Grâce de plus pour vous, puisqu'Il vous tient dans l'humilité, sans laquelle il n'y a ni vertu ni récompense. Courage donc ! Vous avancez peut-être d'autant plus vers le Ciel que vous le soupçonnez moins. Ce n'est pas en vous arrêtant que vous y arriverez ; comptez sur Dieu, ayez confiance ; la Couronne est à ce prix : Omnia possum in eo qui me confortat.
HUITIÈME STATION : Jésus console les femmes d'Israël qui Le suivent
Des femmes de Jérusalem qui étaient compatissantes au malheur, qui étaient dévouées au Fils de Dieu, qui souffraient de ses souffrances, viennent à Lui ; c'est près de Lui qu'elles pleurent. Il les voit, son divin Cœur s'émeut, et, par des paroles de consolation, Il daigne récompenser leur démarche.
Âmes ferventes, sur cette terre si justement appelée la vallée des larmes, ah ! Que souvent, vous aussi, vous avez besoin de consolations ! Parfois, vous êtes tentées peut-être d'aller les demander aux créatures, au bruit et aux distractions du monde. C'est en vain ! Le monde et les créatures ne peuvent rien pour pleurer avec vous. Comme les femmes vertueuses et dévouées de Jérusalem, adressez-vous donc à Jésus ; Lui seul est le vrai Consolateur. Pleurez, mais près de Lui, avec Lui, comme Lui ! Visitez-Le dans son tabernacle, où si souvent encore Il souffre de nos indifférences, de notre abandon, de nos outrages peut-être ; suivez-Le au fond de cette mansarde, où Il vous attend dans la personne du pauvre ; soulagez-Le dans ses membres souffrants ; montrez par vos paroles, par votre compassion, par votre aumône, combien vous L'aimez. Dans sa reconnaissance, Il se tournera aussi vers vous, Il mettra du baume sur vos tristesses, et la paix du Ciel vous sera rendue : Et invenietis requiem animabus vestris.
NEUVIÈME STATION : Jésus tombe une troisième fois
La flagellation a été si cruelle, la route est si rapide, le trajet si long, la tristesse de son Cœur si profonde, que le Sauveur épuisé roule une troisième fois, et reste anéanti sur le chemin raboteux et sanglant.
La troisième chute, pour certaines âmes pieuses, c'est le scrupule. Elles se heurtent contre des craintes qui n'ont point de raison d'être, et tombent ainsi dans ce lamentable martyre qui voit des fautes partout, qui les veut éviter, qui se persuade qu'il n'y réussit pas, qui s'agite, qui s'exalte, qui n'écoute rien parce qu'il se prétend incompris, et qui abat jusqu'à terre les volontés parfois les plus vigoureuses.
Ô Jésus, s'il est ici quelqu'une de ces consciences tombées sous l'épreuve du scrupule, laissez-moi la plaindre dans ma charité, et Vous conjurer d'avoir pitié d'elle ! Envoyez-lui vos plus abondantes lumières ; pénétrez-la de cette pensée, qu'on ne Vous offense que lorsqu'on le veut ; que Vous n'êtes pas un tyran pour elle, mais un ami : Vos amici mei estis ; qu'être juste et trembler ainsi devant Vous, c'est Vous faire injure ; que Vous aimer d'un amour de prédilection les cœurs pleins de confiance. Rappelez-lui surtout la nécessité de l'obéissance au Confesseur, obéissance absolue, obéissance aveugle, obéissance sans réplique et quand même. Si elle y est fidèle, elle se relèvera, et le triomphe est certain : Vir obediens loquetur victoriam.
DIXIÈME STATION : Jésus dépouillé de ses vêtements
Ils Lui arrachent sa robe et se partagent ses vêtements ensanglantés. Le plus saint, le plus beau des enfants des hommes, n'offre plus aux regards que l'aspect informe de membres mis à nu et labourés par des sillons barbares !
Ô Sauveur ainsi dépouillé, malgré notre prétendue piété, ne Vous arrive-t-il pas de renouveler pour Vous ce supplice, lorsque, par nos médisances, nous enlevons au prochain le vêtement d'honneur qu'on appelle la réputation. Que de fois peut-être, sous un prétexte ou sous un autre, une saillie, un geste, un sourire, n'ont-ils pas suffi à en dépouiller ceux mêmes qui l'avaient le moins mérité ! Que de fois, des noms jusqu'alors intacts et entourés de respect, n'ont-ils pas été compromis par des soupçons injustes, par des rappels imprudents et de malicieuses critiques !
Ô Vous qui êtes la miséricorde même, mon Dieu, apprenez-nous, dès aujourd'hui, à mettre un frein salutaire à notre langue ; à respecter en toute occasion la réputation de nos frères, au lieu de mettre à nu leurs imperfections et leurs défauts ; à les couvrir toujours de notre charité ; et à mériter ainsi, et la leur, et la Vôtre : Jesu, bonitas infinita, miserere nobis !
ONZIÈME STATION : Jésus attaché à la Croix
Des clous meurtriers sont dressés sur ses pieds et ses mains adorables. A coups de marteau, on frappe, on frappe encore ! Les nerfs se tordent, les chairs se déchirent, les muscles frémissent, le sang coule à flots, et le Dieu fait homme est fixé sans pitié au gibet qui recevra tout à l'heure son dernier cri !
Dans ces clous, ô mon Dieu, je reconnais les sacrifices douloureux qu'il plaît à votre volonté de m'imposer quelquefois. Le disciple n'est pas au-dessus du Maître, et ces clous ne sont-ils pas la condition du mérite ! Oh, oui ! Moi qui Vous aime, moi qui veux reproduire vos divins exemples, moi qui sens le besoin, avec Saint Paul, de compléter ce qui manque en moi à l'application de vos propres douleurs, je veux ne pas reculer devant ces immolations journalières, qui sont le partage et la gloire de la Piété vraie ; je veux accepter avec joie ces renoncements, ces fatigues, ces répugnances, toutes ces difficultés inséparables de mes exercices de dévotion ; je veux, à votre exemple, ô Jésus, crucifier ma chair rebelle ; je veux non seulement porter la Croix, mais m'y attacher comme Vous, l'aimer, l'embrasser, et y mourir un jour en prononçant votre Nom béni :
Juxta Crucem tecum stare.
Et me tibi sociare
In planctu desidero.
DOUZIÈME STATION : Jésus-Christ meurt
Lors de cette douloureuse Station, il y avait, près de Jésus expirant, des bourreaux et des hommes sans entrailles, mais il y avait aussi des âmes compatissantes. Marie, sa tendre Mère, était là ; Saint Jean, l'Apôtre de sa confiance, était là, avec les saintes Femmes et quelques disciples dévoués. Il les aperçoit ; cette vue adoucit pour Lui l'heure suprême ; Il remet son âme entre les mains de son Père ; Il s'incline, Il est mort !
Ô Justes, tressaillons d'espérance ! Un jour aussi, toutes nos peines, toutes nos humiliations, toutes nos tristesses vont finir. Étendus sur un lit moins douloureux que le gibet où je vois en ce moment le divin Maître, nous regarderons... Vierge vous serez là, n'est-ce pas, comme vous étiez au Calvaire ? Près de vous, nous l'espérons, notre regard, avec bonheur, rencontrera ceux qui nous sont chers, nos parents, nos amis, et, nouveau Saint Jean, le Prêtre accouru pour rendre plus doux le passage de l'Éternité. Si les remèdes prescrits nous semblent pleins d'amertume, Jésus mourant, Vous nous rappellerez le vinaigre que, pour nous encourager, Vous avez bu dans une minute semblable. Comme Vous, pardonnant à tous, pleins de confiance dans vos infinies bontés, heureux d'avoir consommé le plus de bien que nous aurons pu, nous nous souviendrons que, pour quiconque s'est dévoué à votre service, la mort c'est la vie, et nous rendrons amoureusement notre âme à ce Dieu qui ne sera plus pour nous qu'un Père : Pater, in manus tuas commendo spiritum meum.
TREIZIÈME STATION : Jésus détaché de la Croix est remis à sa sainte Mère
Qu'il fut déchirant pour Marie, le moment où elle reçut sur son cœur le cadavre de son Fils tant aimé ! Une pensée pourtant dut lui adoucir cette cruelle étreinte ; elle devait, elle pouvait se dire : « La rage de ses bourreaux sera désormais impuissante sur Lui ; Il échappe à la douleur ; Il a rejoint son Père ; Il a retrouvé les joies de l'Éternité ; je L'y reverrai bientôt, non plus sanglant et placé comme en ce moment, mais vivant et glorieux, et ce sera pour toujours ! »
Âmes pieuses, voilà ce que vous pouvez, voilà ce que vous devez vous dire aussi, lorsque la mort a frappé près de vous ce père, cette mère, cette sœur, cet enfant, justes comme vous, et qui vous étaient si chers. Pleurez, ah ! Pleurez ; Dieu ne le défend pas. Il a pleuré sur Lazare, et Marie pleurait au pied de la Croix : Juxta Crucem lacrymosa. Mais de grâce, songez que ces êtres si tendrement aimés échappent aussi, par la mort, à la rage du Démon, du monde et de la chair, ces trois bourreaux de nos âmes ; songez que pour eux, l'épreuve et la souffrance ont fait place au repos et à la joie ; rappelez-vous enfin que, si vous êtes soumis et si vous continuez d'être fidèles, vous les rejoindrez ; et, à bonheur ! Cette réunion sera pour l'Éternité, comme votre amour et comme Dieu même : Et sic semper cum Domino erimus !
QUATORZIÈME STATION : Jésus déposé dans le Sépulcre
Pour les indifférents et les impies, c'est quelque chose de bien triste qu'un sépulcre : le froid, la nuit, quatre planches, une fosse, un linceul sinistre, des vers se disputant les débris du corps et les restes d'une beauté contre laquelle, peut-être, l'âme imprudente a vu sombrer ses destinées éternelles !
Pour Jésus, rien de tout cela ; son sépulcre a été glorieux ; et à peine y était-Il déposé, qu'Il se relevait plein de vie, rayonnant d'éclat et d'immortalité.
Ô mes frères, qui marchez à sa suite dans les rudes sentiers de la Piété, réjouissez-vous ! Pour vous non plus, la tombe n'a point d'horreurs. Le corps y tombera sans doute ; mais qu'est-ce que le corps, pour vous qui l'aurez méprisé, mortifié, traité comme un ennemi ?
C'est l'âme, l'âme qui est tout pour le Juste ; et sur l'âme, le cercueil ne peut rien ! Comme Jésus, elle lui échappe, franchit l'espace, retrouve enfin ce Dieu objet de ses aspirations, de son amour, de ses ardentes espérances ; et alors commencent pour elle les extases de cette Résurrection qui n'a d'autre mesure que l'infini, d'autre terme que l'Éternité ! Ô Dieu, mort pour nous, faites que ce soit notre partage à tous :
Quando corpus morietur,
Fac ut animæ donetur
Paradisi gloria.
Amen !
Monseigneur Louis-Désiré Bataille (1820-1879) –
« Vingt Exercices du Chemin de la Croix » :
Chemin de la Croix appliqué plus particulièrement aux personnes qui pratiquent la Piété, pages 273-294, à la librairie Bataille à Lille en 1880
Voir de Monseigneur Louis-Désiré Bataille, Évêque d'Amiens :
- Le
« Chemin de la Croix du Vendredi Saint » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix avec la Sainte Église Catholique » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix avec la Très Sainte Vierge Marie » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix pour tous les Fidèles » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix pour les Mères Chrétiennes » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix pour la Jeunesse » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix pour les Riches » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix pour les Pauvres » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix pour les Âmes pieuses et ferventes » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix pour les Âmes du Purgatoire » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix comme préparation à la Mort » de Mgr Louis-Désiré Bataille
- Le
« Chemin de la Croix pour les personnes endeuillées » de Mgr Louis-Désiré Bataille