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Paraphrase du Psaume 101 de l’Abbé de Rancé

Prières > sur la Parole de Dieu

Voici la Paraphrase du Psaume 101 « Puisque Vous ne pouvez rien accepter que ce qui est Bon et que Vous êtes le principe adorable de tout ce qui porte ce caractère », le cinquième des Sept Psaumes de la Pénitence (Ps 6 ; Ps 31 ; Ps 37 ; Ps 50 ; Ps 101 ; Ps 129 ; Ps 142) qui peut être regardé comme une excellente Prière qui convient en général à tous ceux qui gémissent dans quelque affliction ou spirituelle ou corporelle, donnée par Dom Armand Jean Bouthillier de Rancé (1625-1700), Abbé régulier et réformateur du Monastère de Notre-Dame de la Trappe de l’étroite observance de l’Ordre de Cîteaux à Soligny-la-Trappe dans le diocèse de Seez en Normandie



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La Paraphrase du Psaume 101 « Puisque Vous ne pouvez rien accepter que ce qui est Bon et que Vous êtes le principe adorable de tout ce qui porte ce caractère » de l’Abbé de Rancé :

1. Puisque Vous ne pouvez rien accepter que ce qui est Bon, et que Vous êtes le principe adorable de tout ce qui porte ce caractère, que votre Divin Esprit mette les sentiments dans mon cœur et sur mes lèvres les paroles dont je me dois servir, lorsque je Vous adresse mes prières, faites qu'elles soient si sincères et si ferventes, qu'elles pénètrent jusqu’aux pieds de votre Majesté.

2. Ne détournez pas vos yeux de dessus un pécheur pénitent, et ne laissez pas plus longtemps mon cœur exposé à la merci de tant d'amertumes et de tant de douleurs sans écouter ses plaintes, et sans Vous laisser toucher à ses soupirs.

3. Non-seulement je Vous conjure d'exaucer mes vœux, mais je Vous conjure encore que ce soit avec diligence, et puisque le temps que Vous avez destiné pour faire miséricorde aux hommes est si court, ne différez pas plus longtemps votre secours.

4. Ayez compassion de l'état malheureux où ma misère m'a réduit, les ennemis ont banni la joie de mon cœur, et ont desséché mon corps pendant les plus beaux jours de ma florissante jeunesse, ils se sont évanouis aussi promptement qu'une subtile vapeur, et je suis devenu semblable au bois sec, qui n'est propre qu'à être jeté au feu.

5. L'affliction a flétri mon cœur comme l'herbe qui est exposée à l'ardeur du soleil, et j'ai été si occupé de mes douleurs, que je n'ai pas même songé à prendre la nourriture qui était nécessaire pour le soutien de ma vie.

6. J'ai changé ma voix en un gémissement continuel. J'ai traité mon corps comme un esclave insolent, afin d'en dompter la rébellion, et ma pénitence m'a rendu semblable à un squelette décharné.

7. J'ai ajouté la retraite à la pénitence, j'ai cherché les déserts comme le pélican, et comme ces oiseaux qui demeurent dans les lieux solitaires et ruinés, et qui ne se font entendre que dans les ténèbres ; j'ai passé les nuits à jeter des cris et à faire retentir l'air de mes soupirs et de mes plaintes.

8. Le souvenir de mes crimes a banni le sommeil de mes yeux, et je me suis trouvé seul au milieu de ma cour et de mon palais, comme un passereau solitaire sur le toit des maisons, n'ayant pour toute compagnie que la tristesse et la douleur.

9. Pour comble de malheur je me suis vu exposé aux reproches et aux insultes de mes ennemis, et j'ai même reçu des mépris et des moqueries de ceux qui auparavant louaient mes actions et publiaient ma vertu.

10. Leurs mépris ni leurs injures n'ont pu pourtant m'obliger à changer de vie, j'ai continué de manger du pain pétri avec de la cendre, et à boire de l'eau que j'ai rendue amère par mes larmes.

11. Mais toutes ces rigueurs que j'ai exécutées contre moi, n'ont rien de comparable au trouble que jette dans mon âme la vue de votre colère et de votre indignation, dont Vous ne pouviez pas me donner de plus sensibles marques, que de me précipiter, comme Vous avez fait, du plus haut faîte de la gloire où Vous m'aviez élevé, dans le dernier degré de la misère et de l'infamie.

12. Mes jours sont passés comme l'ombre qui s'enfuit, et ne recevant plus de Vous, mon Dieu, ces consolations célestes, qui faisaient toute ma force et toute ma vigueur, je me suis vu semblable au foin abattu par le tranchant de la faux, qui ne tire plus sa nourriture de la terre, ni de la rosée du ciel.

13. Vous seul, ô mon Dieu, Vous êtes immuable dans la vicissitude de toutes choses, et éternel dans leur défaillance ; le temps n'effacera point la mémoire de votre Nom, et votre Gloire sera célébrée par tous les siècles qui sont à venir.

14. Le temps bienheureux, où Vous avez résolu d'avoir compassion de votre peuple, est proche, et la sainte montagne de Sion verra bientôt l'accomplissement de ces conseils éternels, dans lesquels Vous avez résolu de lui faire miséricorde.

15. Vous opérerez de si grands prodiges dans cette cité fortunée, qu'elle deviendra le plus illustre théâtre de vos merveilles, et quoiqu'un jour elle doive être ruinée, le souvenir de ce que Vous y aurez opéré, la rendra toujours considérable à vos serviteurs, qui comme nous, l'admireront dans sa magnificence ; les pierres qui la composent, et la terre qui la soutient, après avoir été sanctifiées par Vous, feront un jour l'objet de leur complaisance, comme elles auront été celui de leur respect.

16. Car Vous ne permettrez pas, Seigneur, que cette belle cité, qui est l'ouvrage de vos mains, soit toujours l'objet de la fureur de nos ennemis, mais Vous ferez éclater sa gloire et votre puissance, quand elle sera attaquée par ces peuples impies, qui ne vivent point sous votre Protection, ni sous vos Lois.

17. Cette puissance et cette gloire, dont Vous êtes toujours environné, ne Vous rendra point inaccessible aux humbles, ils attireront continuellement vos regards et votre tendresse, et Vous Vous rendrez en tout temps propice à leurs vœux et à leurs prières.

18. Que le marbre et le diamant conservent à jamais la mémoire des Grâces dont Vous userez envers votre peuple, afin que les nations futures trouvant en nous un illustre exemple de vos Bontés, tâchent par leur culte et par leur respect envers Vous, d'en mériter de semblables.

19. Quoique Vous soyez si élevé au-dessus des hommes, que les cieux mêmes soient au-dessous de vos pieds, Vous considérez si attentivement du plus haut de votre Sainte Demeure tout ce qui se passe sur la terre, qu'il semble que Vous cessiez de contempler les beautés de votre Divine Essence, pour Vous appliquer à considérer seulement les misères des hommes et à les soulager.

20. Vous descendez jusqu’au fond des cachots pour écouter de plus près les plaintes des misérables qui y sont renfermés, Vous portez la lumière et la joie dans ces lieux de ténèbres et d'horreur, et après avoir brisé les fers de ces captifs, Vous leur rendez et la vie et la liberté.

21. Vous ne demandez pour des effets si extraordinaires de votre Bonté que de la reconnaissance de ceux qui les reçoivent ; qu'ils fassent retentir la sainte montagne de Sion de vos louanges, et qu'ils publient la gloire de votre Nom au milieu de Jérusalem.

22. Qu'ils choisissent les jours les plus solennels pour un si Saint Exercice, et que les princes et les peuples se trouvent excités par ces exemples à rendre ensemble le culte et la vénération qui est due à votre Divinité.

23. Pour moi, Seigneur, je me trouve touché de ces sentiments au milieu de la pompe et de l'éclat qui m'environne, et même dans la force de mes plus beaux jours ; mais pour mieux conserver cette disposition dans mon âme, et me confirmer dans la vertu par le mépris de moi-même, faites-moi connaître combien ma vie est courte et fragile, et donnez-moi la Grâce de n'être point surpris du moment de la mort.

24. Que mes crimes ne Vous forcent point à avancer la fin de mes jours, et n'abrégez pas une vie que je destine à Vous louer et à publier l'éternité de celle dont Vous jouissez.

25. Oui, mon Dieu, je l'emploierai à raconter la production des merveilles que nous admirons, je réciterai aux hommes de quelle sorte Vous posâtes les fondements de la terre, et je leur apprendrai que les cieux sont l'ouvrage de vos mains.

26. Ils sauront par moi que ces pures substances ne seront point inaltérables, quand Vous voudrez les soumettre aux lois générales de l'inconstance des créatures, et que la suite des années qui doit produire ces grands changements, ne servira qu'à donner un nouveau lustre à votre grandeur, et à faire davantage briller votre gloire.

27. Ces corps vastes et lumineux, et toutes ces machines éclatantes, sont à votre égard comme ces faibles et légères étoffes, qui nous servent d'habillement ; Vous seul, mon Dieu, demeurez éternel et immuable dans ce général débris de la nature.

28. Quoique Vous trouviez en Vous-même tout ce qui peut faire votre béatitude, et que Vous n'ayez besoin d'aucune de vos créatures, Vous ne laisserez pas de partager votre éternité avec vos véritables serviteurs, et la durée de la vie que Vous réservez à vos Élus, ne sera point terminée par la fin des siècles. Ainsi soit-il.


Abbé Armand Jean Bouthillier de Rancé (1625-1700) - « Pensées et réflexions de M. de Rancé, Abbé de la Trappe, paraphrase sur les Sept Psaumes de la Pénitence », Paraphrase du Psaume CI, pages 141-150, chez Vente, 1767

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Voir également du Père Abbé de Rancé :
- La Paraphrase du Psaume 6 « Seigneur, dont l'indignation m'est beaucoup plus redoutable que les plus rigoureux effets de votre Justice » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 31 « Je ne soupire point, Seigneur, après la vaine et trompeuse prospérité des méchants » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 37 « Seigneur, souvenez-Vous plutôt de votre Bonté que de l'excès de mes crimes » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 50 « Considérez, Seigneur, la grandeur de mes maux et qu'ils ont besoin de remèdes extraordinaires » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 101 « Puisque Vous ne pouvez rien accepter que ce qui est Bon et que Vous êtes le principe adorable de tout ce qui porte ce caractère » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 129 « Dans le comble de mes malheurs et du plus profond abîme de mes misères, je pousse des cris vers Vous, mon Dieu » de l’Abbé de Rancé
- La Paraphrase du Psaume 142 « Seigneur, j'expose devant Vous tous les désirs de mon cœur » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur la Vocation de Saint Matthieu « Suis-Moi. Et se levant, il Le suivit » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion pour mieux discerner sa Vocation « Maître, je Vous suivrai partout où Vous irez » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur l’Obéissance à la Voix de Dieu « Suis-Moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion dans les violentes Tempêtes des tentations « Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ! » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion pour contribuer à notre repos et à notre salut « Ayez confiance, Mon fils  : vos péchés vous sont remis » de l’Abbé de Rancé
- La Réflexion sur la Parabole du grain de sénevé « Le Royaume des Cieux est semblable à un grain de sénevé » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Ô Seigneur, j’ai le cœur rempli de joie du bonheur qu'il y a à se donner Tout à Vous » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Venez, ô Saint Esprit, Amour du Père et du Fils » de l’Abbé de Rancé
- La Prière « Je prendrai le calice qui opère le Salut et j’invoquerai le Nom du Seigneur » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur la Justice de Dieu « Seigneur, tous ceux qui jugent point en votre Nom sont des usurpateurs » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur la Piété « Seigneur, Vous nous commandez de Prier pour nous accorder ce que nous Vous demandons » de l’Abbé de Rancé
- La Prière sur le Paradis « Vous nous apprenez, Seigneur, qu'il n’y a que deux voies » de l’Abbé de Rancé
- La Prière de Protection « Seigneur, que votre Protection nous est nécessaire » de l’Abbé de Rancé
- La Prière de Confiance « Seigneur, que je reçoive de Votre main la maladie, la santé, la vie et la mort, dans une soumission toute égale » de l’Abbé de Rancé
- La Prière pour bien porter sa Croix « Seigneur, Vous avez imposé à tous les hommes la nécessité de porter la Croix » de l’Abbé de Rancé